L’invité de la semaine. Fêtes de fin d’année : le préfet Colliex mobilisé pour la sécurité des Jurassiens

Sur les routes, lors des marchés de Noël ou au domicile des particuliers, le préfet du Jura, Pierre-Édouard Colliex, renforce les dispositifs afin de prévenir tout drame susceptible de gâcher les fêtes de fin d’année.

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sécurité routière Jura
Pierre-Edouard Colliex, préfet du Jura.

Où en est le Jura en matière de sécurité routière ?

J’ai été choqué ici en arrivant de Marseille. Dans les Bouches-du-Rhône, nous avions le chiffre le plus important au niveau national de morts sur les routes. J’ai connu beaucoup de drames liés aux stupéfiants, à la vitesse, l’alcool, l’imprudence… Je me souviens très nettement aussi de trois jeunes sous protoxyde d’azote, ils s’étaient encastrés sous un camion et le conducteur avait été décapité. Le même type de drame s’est produit récemment dans le Gard. Notre devoir est de protéger ces jeunes qui agissent par bêtise et inconscience.

Le taux de morts dans le Jura est deux fois plus élevé que dans les Bouches-du-Rhône par rapport à la population. La situation est très inquiétante. Nous menons une action extrêmement ferme.

Nous avons beaucoup diminué le nombre de morts sur la route (– 25 %), de 35 en 2024 à 26 ce 16 décembre, mais le nombre d’accidents corporels a augmenté de 38 %. Nous devons garder la plus grande mobilisation. Il y a encore des comportements extrêmement inquiétants, avec l’alcool qui est ici un facteur extrêmement important, tout comme dans le cadre des violences intrafamiliales qui me préoccupent aussi.

Il y a une vraie criminalité routière. Je prends pour exemple ce pompier volontaire qui travaillait dans le Haut-Jura tué par un individu sous alcool devant sa fille avec lui sur la moto, en sortant de sa voie de circulation.

Avez-vous une action plus forte à l’approche des fêtes ?

J’ai demandé début décembre de multiplier les contrôles avec des recherches systématiques d’alcool et de stupéfiants. Il y aura cent opérations d’ici la fin de l’année. L’intérêt est de lutter aussi contre la délinquance générale, car assez fréquemment il y a des délits connexes.

Depuis le début du mois, ce sont déjà 3 600 véhicules qui ont été contrôlés, 29 conduites avec alcool relevées et 24 sous stupéfiants.

Les services des douanes sont-ils également mobilisés ?

Deux mesures ont été renforcées en lien avec les douanes.

D’abord sur le protoxyde d’azote. Nous sommes épargnés pour l’instant, mais nous trouvons des cartouches vides dans certains quartiers, des individus contrôlés en sont porteurs, le système du Sydom est tombé en panne car des grosses bonbonnes étaient dans les ordures. Cela montre que ça circule. Et je veux empêcher que des gamins se tuent en voiture à cause de ça le soir de la Saint-Sylvestre, de la Percée ou samedi prochain !

Quelle est l’autre mesure ?

La lutte contre les mortiers d’artifice. Le Jura est coincé entre Lyon et Strasbourg, où il est de tradition de les utiliser. Ils sont potentiellement utilisés à Dijon, Besançon… Les mortiers circulent, je veux préserver notre territoire.

Il y aura l’interdiction classique au moment des fêtes, mais dès à présent, les douanes ont lancé des contrôles sur les flux.

Que faites-vous pour protéger les marchés de Noël ?

Nous avons systématisé une mobilisation partenariale entre l’organisateur qui est souvent une commune, la police municipale s’il y en a une et la police et la gendarmerie nationales.

A Lons-le-Saunier, dix policiers sont venus en renfort des cinq agents de sécurité et de la police municipale. Cela évite les incidents. L’intervention est immédiate comme cela a été démontré lors de la bagarre de deux alcooliques.

Et les commerces ?

Le plan anti hold-up a été mis en œuvre sur les commerces qui deviennent des cibles d’opportunité. Je me méfie des zones commerciales, mais les malfrats peuvent cibler aussi une fruitière, une association… Les délinquants n’ont pas trop de principe. Nous renforçons la présence des policiers et gendarmes sur les cibles potentielles, les patrouilles sont plus régulières et aléatoires.

Y a-t-il un risque de cambriolages ?

Les cambriolages sont en diminution de 4 % en zone police et 0,83 % en zone gendarmerie cette année. Cette diminution même timide doit se poursuivre. Décembre étant une période tentante pour mettre la main sur les cadeaux entreposés dans les domiciles, nous devons renforcer notre protection.

Une autre action ?

Des contrôles sanitaires. J’ai demandé aussi à la DCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) de se mobiliser sur les contrôles liés aux produits festifs. Nous en avons initié un lors du marché de Noël à Lons-le-Saunier.