Pyrrhus

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Gérard Bouvier.

Il y eut la victoire à deux points, le match nul à un point et la défaite à zéro. C’était dans le monde du sport par équipes, il y a longtemps. Pour réveiller des classements qui somnolaient de semaine en semaine les anglais eurent l’idée de la victoire à trois points en 1981. Le temps de traverser la Manche, les français les imitèrent en 1994.
Ainsi certains matchs attribuaient plus de points que d’autres. La logique sportive vacillait mais le Conseil Constitutionnel ne fut pas questionné…
Le rugby voulu entrer dans la mêlée et ne pas rester sur la touche. Sa Fédération créa les victoires avec bonus quand le score le mérite. Et les défaites bonifiées quand l’écart est serré ! Ces règles diffèrent selon la compétition rugbystique : le ballon ovale se prête à des rebonds inattendus.
En politique aussi défaites et victoires ont des saveurs bonifiées, saupoudrées de votes utiles et de votes cachés. Les plus mal élus l’emportent mais avec quelques grincements de dents. Les battus qui méritaient mieux sont nombreux et rarement modestes, toujours prompts à refaire le match et à bonifier leur défaite. En s’y mettant tous, tant de bonus valent victoire.
Leur chagrin est de courte durée et leur fougue renait en évoquant « la victoire à la Pyrrhus ».
L’expression date de 2300 ans. Pyrrhus I-er avait remporté deux batailles contre les romains, terrorisés par ses éléphants, mais son armée victorieuse fut par deux fois dévastée. Arrivé à 30 kilomètres de Rome, il dû renoncer au grand chelem ! « Encore une victoire sur les romains de cette facture et je rentre au pays tout seul » maugréait-il dans sa barbe.
Depuis « la victoire à la Pyrrhus » sert de consolante à tous les vaincus qui croient leur vainqueur moribond. Promesse de jours meilleurs.