Vacuité idéologique

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L’entre-deux-tours est toujours une période spéciale. Car c’est ici et maintenant que se cristallisent les opinions et que se joue le destin du pays quant aux cinq années qui viennent. Sauf que pour pouvoir choisir (ou ne pas choisir) comme il se doit, en son âme et conscience, il faut avoir matière à réflexion. Mesurer les arguments, évaluer la pertinence des propositions, ressentir vers qui, vers quoi, nous orientent nos propres convictions.
Ne pas être aveuglé par l’oriflamme du progressisme bien-pensant et de son toxique mépris de classe volontairement entretenu entre souverainistes et mondialistes, urbains et ruraux, modestes et aisés, végans et chasseurs, athées et croyants… Le piège de la division est habilement tendu. Il est la clé de la réussite.
Bon d’accord le célébrissime débat d’entre-deux-tours révélera quelques indicateurs, mais ce périlleux moment de politique-spectacle n’est plus ce qu’il était. Loin s’en faut d’ailleurs.
A vrai dire, ce qui a manqué le plus dans cette élection présidentielle inédite de par la déstructuration qui la caractérise, c’est le fond. Pour la première fois, nous fûmes livrés en pâture à une effarante vacuité politique et idéologique.
Les valeurs références ont volé en éclats, les codes ont été outrepassés, parfois transgressés.
Tel est le mode opératoire privilégié de ce fameux nouveau monde, agglomérat d’intérêts personnels et de divers lobbyistes capitalistes qui ne dit pas son nom, dont la propagande de repentance humaniste semble sonner effroyablement faux.
Il est par ailleurs étonnant pour ne pas dire décevant, sinon carrément révoltant, de constater que tant de gens ont oublié d’où ils viennent… Ont chassé de leur mémoire leurs principes de bienveillance, de justice sociale et de solidarité, ont occulté tout ce qu’il a fallu endurer au peuple de France comme mensonges, violences, privations de liberté, souffrances psychologiques, volte-faces, instrumentalisations en tous genres, petites phrases hautaines. Et j’en passe…
Mais où se cachent-ils donc, tous ces gens parfaitement heureux de notre époque, satisfaits d’avoir du remplir une attestation pour aller acheter leur baguette de pain durant des mois, fiers d’être vaccinés, pour qui les fins de mois sont indolores, le prix du carburant acceptable, dont les enfants trouvent facilement leur place dans la vie adulte, pour qui les hôpitaux, les forces de l’ordre ou les enseignants se portent à merveille ? Non mais allô quoi ?!
C’est étrange car lorsque l’on pose la question (sans condamner, juste pour essayer de comprendre comment peut-on en arriver là), personne ne répond. Ou très peu.
Ils sont même ultra-majoritaires à la boulangerie de mon village, au PMU du bourg voisin, sur les marchés, et qui plus est sur les réseaux sociaux, à marteler ou afficher le « Tout sauf Macron ». Cherchez l’erreur !
Seul point intéressant de cette élection quelle qu’en soit son issue. L’inévitable recomposition du paysage politique français qui s’annonce, accouchera vraisemblablement d’une spectaculaire résurrection des deux principaux courants de pensée historiques que nos parents, grand-parents et aïeux ont connu. En à peine plus radical…