Quelle est la réalité de l’isolement des personnes âgées dans le Jura ?
L’ADMR, premier acteur jurassien de l’aide et des soins à domicile, a tâché de répondre en organisant une rencontre publique « sur cette problématique qui nous concerne tous », selon les mots de son directeur, Thomas Scrive. Un quart des plus de 65 ans vivent dans l’isolement en France.
Quelles réponses apporter à cet enjeu sociétal ? Jean-François Serres, cofondateur du mouvement Monalisa (Mobilisation nationale de lutte contre l’isolement des personnes âgées), a apporté des réponses. L’ADMR dans le Jura est signataire de cette démarche depuis 2018.
« L’isolement se réfère à un état où une personne est physiquement ou socialement coupée des autres », a d’abord présenté l’intervenant, précisant que l’isolement est à différencier de la solitude. Sept millions de Français sont isolés en France. Un quart des Français ont des relations dans un seul réseau. 33 % de personnes se sentent régulièrement seules, inutiles et abandonnées.
Une question de relations
« L’isolement social est la situation dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance et de danger », définit le CESE (Conseil économique, social et environnemental). La question de l’isolement est ainsi une question de relations. Les personnes touchées manquent de reconnaissance, protection, participation.
Jean-François Serres a mis en avant trois enjeux pour lutter contre l’isolement. La proximité tout d’abord. Bien vieillir, c’est habiter en relation dans son voisinage, son domicile, ses espaces virtuels. L’attachement dans le soin ensuite. C’est être bien entouré. L’affaire de tous enfin. Le développement de l’engagement citoyen est incontournable pour lutter contre l’isolement. « L’enjeu est de favoriser, soutenir et valoriser les contributions relationnelles de tous, individuelles et collectives. »
L’ADMR a la volonté de déployer la démarche Monalisa dans le département. A ce jour, six équipes citoyennes existent, 35 bénévoles sont engagés et 10 conventions de partenariat ont été signées. « Nous voulons renforcer notre ancrage, repérer des personnes isolées, mettre en place des dispositifs adaptés aux territoires et encourager de nouveaux engagements citoyens », résument Marika Guillerme, responsable du développement, et Laure Girard, référente de la vie associative, de la fédération ADMR du Jura.
Différentes personnes ont témoigné de leur investissement. Les échanges ont fait ressortir que les besoins suivant les territoires dans le Jura ne sont pas les mêmes. Il serait intéressant qu’un travail soit mené sur l’engagement citoyen et une expertise apportée pour créer le maillage du département.
« Pour qu’un territoire fonctionne bien, il faut cinq aidants autour d’un sénior, a illustré Thierry Gaffiot, adjoint aux affaires sociales de la Ville de Lons-le-Saunier. Aujourd’hui, dans le Jura et en particulier à Lons, on est à trois et dans vingt ans, on pourrait arriver à un. Avec une réflexion comme aujourd’hui, la construction d’un travail partenarial et d’un réseau est nécessaire maintenant. C’est une réalité qui nous oblige. »