Des éleveurs crient au loup

Des éleveurs s’élèvent contre les attaques perpétrées contre les troupeaux, et ont rappelé leur opposition à la présence de canis lupus.

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D’après la Chambre Régionale d’Agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, « l’élevage de notre région Bourgogne-Franche-Comté est désormais régulièrement touché par des attaques de prédateurs, en particulier de loups, espèce inexorablement de retour et désormais bien installée (la présence d’une deuxième meute a été confirmée dans le massif du Risoux en octobre dernier N.D.L.R.). Les attaques meurtrières et destructrices de troupeaux s’enchaînent village après village, et les dispositifs de protection démontrent les limites de leur efficacité. La conduite de nos élevages à proximité des villages, la présence de sentiers de randonnée, les difficultés de poser des filets électriques que ce soit dans les zones escarpées de montagnes ou à proximité de bocages et le manque de main d’œuvre ne permettent pas un déploiement efficace des moyens de protection ».
Les élus du monde agricole poursuivent ainsi :
« La définition de zone non protégeable doit impérativement être adaptée à notre région afin de faciliter l’accès aux tirs de défense. Il faut éduquer les loups en les dissuadant d’attaquer et cela ne se fera qu’en leur rappelant que les troupeaux domestiques ne constituent pas leur garde-manger. Tout comme le maître est responsable des actes de son chien, l’État français se doit d’être responsable des prédateurs dont il a fait le choix d’assurer le développement. Les indemnisations des dommages faites aux troupeaux doivent être sans conditions, rapides et à hauteur des pertes réelles, car aujourd’hui, les seuils d’indemnisation des pertes directes et indirectes sont très largement sous-évalués. Nous demandons formellement aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures nécessaires pour stopper le retour du loup et demandons systématiquement l’abattage de celui-ci dès les premiers signes de présence à proximité de nos élevages. Il doit en être de même pour les lynx aux comportements déviants ».

« Une déclaration de guerre »

Pour le pôle grands prédateurs du Jura, la position de la Chambre régionale d’Agriculture constitue « Une nouvelle déclaration de guerre contre la biodiversité ». Son secrétaire, Patrice Raydelet précise :
« Les prédateurs, tous les prédateurs, sont les piliers irremplaçables du fonctionnement équilibré des écosystèmes dont l’homme est entièrement dépendant. Toutes ces espèces doivent bénéficier d’un statut de protection inaliénable et si quelques-unes d’entre elles peuvent poser des problèmes à certaines activités, l’homme a les moyens techniques et non létaux pour y répondre » conclut-il.
Du côté du Centre Athénas, le directeur Gilles Moyne observe : « La solution passe par la cohabitation dans la durée, comme l’a démontré une étude menée collégialement par des scientifiques européens, publiée récemment et intitulée « Corrélations entre la présence des quatre grands carnivores d’Europe (loup, lynx, glouton et ours) et la déprédation sur les moutons », étude menée sur la période 2010-2015 dans 10 pays européens comptant 26 millions de moutons ».
Selon cette étude, « environ 35 000 moutons (soit 0,5% du cheptel total) sont indemnisés chaque année pour déprédation par des grands carnivores » (45% des attaques étant imputables aux loups). La Norvège est le pays avec le nombre de moutons indemnisés le plus élevé (19 543), suivie par la France (5 574) et la Grèce (4 201)».

Quatorze lynx dans le Jura

L’OFB (Office Français de la Biodiversité) et le CNRS ont évalué en 2017 grâce à des pièges photographiques la densité de lynx à 1,79 individu pour 100 km2 dans le Jura (le domaine vital d’un lynx variant entre 100 et 400 km2 selon le sexe). Depuis, 1999 le Programme Prédateur-Proies Lynx vise à améliorer les connaissances des interactions entre les populations de chevreuils et de chamois, l’activité cynégétique et le lynx boréal. Réactualisé fin 2019 début 2020, les nouveaux comptages ont fait état de 14 lynx dans le Jura, dont 4 qualifiés de « résidents ».