Solidarité Paysans Jura : de bonnes raisons d’espérer

C'est à l'occasion de la Ferme ouverte de Geoffroy Hauer sur le hameau de Graveleuse (commune de Rosay), que Solidarité Paysans Jura a présenté ses actions. Certaines d'entre elles laissent augurer un meilleur devenir à l'agriculture paysanne locale.

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« L’expérience de Geoffroy et la richesse de son témoignage nous font toucher du doigt la pertinence de notre mission : la défense et l’accompagnement des agriculteurs qui vivent des situations difficiles ».
Marie-Andrée Besson, présidente de Solidarité Paysans Jura, a présenté les actions de l’association lors de la Ferme Ouverte organisée vendredi dernier chez Geoffroy Hauer, à Graveleuse (hameau de la commune de Rosay).
Par la voix et le parcours de cet agriculteur, aujourd’hui indépendant, mais qui a connu antérieurement une association en GAEC, se sont soulevées de nombreuses questions et inquiétudes.

« L’isolement est un facteur de difficultés pour les paysans d’aujourd’hui ».

Les installations, notamment celles hors cadre familial, ont été le premier sujet abordé : les difficultés financières liées aux investissements se répercutant sur tout le parcours professionnel, les exigences du travail en commun et des prises de décision, lors d’une installation individuelle, la recherche complexe d’un équilibre entre travail et vie familiale.
« Selon une étude récente, les agriculteurs sont sur-engagés au niveau de leur travail. 60% d’entre eux, soit 2/3 des chefs d’exploitation sont en situation de travail compulsif, 25% sont en état de burn-out. Dans le parcours de Geoffroy, on comprend le stress engendré par sa double activité, l’auto construction d’un bâtiment et la gestion de l’exploitation », a commenté Marie-Andrée Besson.
L’isolement des territoires a été évoqué, avec les difficultés inhérentes, impossibilité d’accès aux services de remplacement, aux services publics, aux transports scolaires, difficultés de communication.
« L’isolement est un facteur de difficultés pour les paysans d’aujourd’hui ».

Pour le développement durable des territoires ruraux

Autre point d’inquiétude pour l’ensemble de la profession : la situation climatique qui entraîne la baisse de la production laitière, le manque d’herbe et de fourrage, situation qui impactera fortement la saison hivernale. « Heureusement la filière Comté ancre sans aucun doute mon activité et celle des paysans installés sur ce territoire et une partie du département », a commenté Geoffroy Hauer.
Selon lui, sa quantité de production de lait, sa situation géographique isolée n’intéresseraient sans doute pas les industriels laitiers. La filière, par son cahier des charges contribue assurément au développement durable des territoires ruraux : la taille des exploitations pour en faciliter la transmission, les mesures environnementales et le bien-être animal permettant d’accroitre la qualité du comté et la rémunération des paysans, ainsi que de répondre aux attentes sociétales et au maintien des territoires ruraux…

Trois questions à Marie-Andrée Besson, présidente de Solidarité Paysans Jura

Solidarité Paysans Jura, qui êtes-vous ?
MA B : « Anciennement appelée RESA39 (Réseau d’Entraide et de Solidarité agricole du Jura) », nous sommes devenus « Solidarité Paysans » en 2014 pour être plus lisibles et bien identifiés dans le cadre de notre mission ».

Pouvez-vous en dire plus sur votre action et vos objectifs ?
MA B. : « Notre mission, c’est l’accompagnement des agriculteurs qui vivent des situations difficiles, en considérant l’ensemble des difficultés, sans se substituer ni aux professionnels, ni à la personne accompagnée. Nous pouvons apporter un soutien moral et humain aux personnes, réfléchir à l’origine des difficultés, analyser les différentes possibilités de redressement des exploitations, renouer le dialogue et les négociations, donner les moyens à l’agriculteur de prendre les décisions nécessaires tout en respectant ses choix.
Avec, en toile de fond, la perspective de soutenir et maintenir des paysans en territoire isolé. Maintenir des fermes, c’est maintenir d’autres emplois en milieu rural. Un paysan ancré sur un territoire participe à l’entretien des paysages, au maintien de la vie et des activités locales ».

Comment voyez-vous l’avenir ?
MA B : « Aujourd’hui, le témoignage de Geoffroy a mis en valeur les capacités de résilience des agriculteurs que nous accompagnons. Il nous motive à construire et à proposer des alternatives pour changer la réalité. Nous y travaillons avec enthousiasme et détermination. Mais il faudra une réelle volonté politique pour contribuer à garder des territoires ruraux vivants, pour y valoriser le métier de paysan ».