Salins-les-Bains. Deux siècles après, la ville rejoue la nuit qui l’a brûlée

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Salins-les-Bains : spectacle vivant sur l’incendie de 1825
Les habitants en costumes d'époque pendant les répétitions.©Johan Albiero.

Ce samedi 26 juillet, Salins-les-Bains ne tournera pas une simple page d’histoire. Elle l’incarnera. Ce soir-là, dans les rues et sur les places de la ville, les habitants feront revivre, à travers un spectacle itinérant, le grand incendie de 1825 qui a marqué les mémoires. Une création participative portée par la compagnie locale Les Urbaindigènes, où passé et présent dialoguent à travers les voix, les gestes et les silences.


Depuis des semaines, une étrange effervescence a gagné Salins. Dans une salle de répétition ou sous le ciel d’un soir d’été, des femmes apprennent à marcher avec des jupes d’époque, des enfants découvrent la peur dans les mots des anciens, des jeunes répètent une chorégraphie aérienne. Et partout, des fils invisibles se tissent entre ceux qui font vivre ce projet.

Un spectacle où l’histoire devient vivante

Césaire Chatelain et Baptiste Faivre, à l’origine de cette aventure artistique, ont voulu que tout parte de l’humain. Ce ne sont pas seulement les flammes que l’on raconte, mais les vies bouleversées, les élans de solidarité, les départs, les renaissances.

Quatre tableaux jalonneront le spectacle, depuis la place Émile-Zola jusqu’à la chapelle des Jésuites. Chacun évoquera une facette de cette histoire oubliée. Le public déambulera à travers la ville, devenu acteur d’un récit partagé. La mairie, la Grande Saline, d’autres lieux emblématiques prêteront leurs murs, leurs pierres et leur mémoire à cette fresque collective.

Gymnastes, corps en feu et mémoire en mouvement

Parmi les figures les plus saisissantes du spectacle, les jeunes du club de gymnastique occupent une place centrale. Ils dansent, s’élèvent, s’élancent dans l’espace, comme pour dire physiquement l’angoisse, la fuite, mais aussi l’élan vital. Leurs corps racontent ce que les mots parfois ne peuvent pas. En collaboration avec les comédiens, ils offrent une dimension chorégraphique puissante, qui traverse toute la mise en scène.

Ne manquez pas ce spectacle qui promet d’être époustouflant.©Johan Albiero.

Et dans l’ombre des projecteurs, l’engagement est tout aussi intense. On coud des costumes inspirés du XIXe siècle, on fabrique des accessoires, on récupère des tissus, on ajuste les lumières. Des percussions résonnent, les voix s’accordent. Chaque détail compte, car c’est dans cette précision que la mémoire prend corps.

Ce samedi, ils seront des dizaines à faire revivre cette nuit de 1825. Non pas pour rejouer un drame, mais pour le traverser ensemble. Parce qu’au-delà des cendres, il y a toujours ce qui reste : les liens, les gestes, et cette capacité, intacte, à faire corps autour d’une histoire commune.