Elle n’a pas laissé de portrait peint ni d’épitaphe gravée dans la pierre. Mais son nom, singulier et intrigant, a traversé cinq siècles : Jeanne Meurdesoif. Ouvrière de la Grande Saline au XVIᵉ siècle, elle a travaillé seize années dans le vacarme et la chaleur des chaudières, au « puits à muire ».
Grâce au travail minutieux de Paul Delsalle, professeur émérite à l’Université de Franche-Comté, cette figure oubliée ressurgit des archives. Ses recherches, menées depuis des années, éclairent le quotidien des ouvriers et ouvrières de la saline entre le XIVᵉ et le XVIIᵉ siècle. Et un nom revient régulièrement dans les registres : celui de Jeanne.
D’abord mentionnée en 1537, puis en 1552, elle apparaît sous les fonctions de « tirari » et « éteignari », postes techniques et exigeants liés à l’évaporation et à la cuisson de la saumure. Dans un métier souvent réservé aux hommes, Jeanne s’impose par son endurance et son savoir-faire. Son existence témoigne d’une réalité sociale longtemps ignorée : la présence active et reconnue de femmes dans l’économie du sel.
Ce nom atypique amuse, mais cette ouvrière a bel et bien existé. Autrefois anonyme, elle est devenue, au fil des recherches, une incarnation de la mémoire ouvrière salinoise.
Pour partager cette histoire singulière, une conférence gratuite est organisée samedi 27 septembre à la Grande Saline. Paul Delsalle y plongera le public dans le quotidien concret de Jeanne et de ses collègues – femmes, jeunes filles, ouvriers spécialisés venus de tous horizons – dont le labeur assurait la prospérité de la ville.
Une occasion rare de faire revivre une figure modeste mais essentielle, et d’entendre, dans le silence des archives, résonner encore le nom de Jeanne Meurdesoif.
Samedi 27 septembre à 17 h 30. Entrée gratuite. Réservation conseillée au 03.84.73.10.92 ou accueil@grande-saline.com
