Préférer les choses, après

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Avant toute chose, je voudrais commencer par vous remercier pour tous vos messages m’étant parvenus suite à mon précédent éditorial intitulé “Hexagone”.
Vous avez été très nombreux, bien plus que d’habitude, à vous reconnaître dans l’indignation (voire la révolte, la colère) que je ressens, et à me confier la partager.
Ce qui, naturellement, me conforte à poursuivre dans cette voie d’exprimer tout haut ce que la majorité silencieuse (même si elle l’est de moins en moins et c’est tant mieux), pense tout bas.
Du coup, toujours dans le souci d’être au plus proche de notre quotidien ordinaire (contrairement à beaucoup d’élites hors-sol, dans l’incapacité d’appréhender tous les tourments qu’il nous faut affronter), j’ai tenté pour la première fois, samedi dernier, de remettre un pied dans la vie nocturne qui me plaisait tant, avant…
De me confronter à cet univers fascinant des bars bruyants où s’enchaînent les discussions interminables, de contempler la piste de danse où se trémoussent avec plus ou moins d’entrain de jeunes femmes soigneusement apprêtées, de cette cage aux fauves où certains viennent juste s’amuser, d’autres plutôt plaire, paraître, séduire. Globalement, en vain.
J’ai vu des êtres humains qui essayaient d’être heureux.
C’était beau, mais tragique. En fait, cela sonnait faux, artificiel, illusoire.
Ils étaient souvent sur leur téléphone, connectés virtuellement, mais déconnectés humainement de l’instant présent.
En serait-on devenu à préférer savourer les choses après, via son smartphone ?
La séduction, la succession des idylles, aussi passionnelles soient-elles, surtout passionnelles et brûlantes soient-elles, nous abîment à long terme.
Le déchirement sentimental est d’autant plus destructeur que l’exaltation qui l’a nourri aura été soudainement intense.
C’est la désillusion en pleine face. L’abandon, le rejet, la dépendance affective, la trahison parfois. La résurgence d’épouvantables sensations phobiques ou traumatiques pour qui les a déjà connues…
Sombre tunnel à franchir pour accéder à des jours meilleurs. Pour se réapproprier.
En quittant aux aurores la discothèque, je suis finalement parvenu à m’amuser de cette mascarade si dérisoire. De relativiser notre portion de vie si ridicule par rapport à l’échelle du temps de l’univers. De me dire qu’il suffit d’attendre encore un peu, pour que la vie reprenne son cours normal. Et que les éléments retrouvent leur place, leur ordre, leur fonction, leurs priorités… Que les choses aillent mieux, en somme. Attendre. Mais jusqu’à quand ?
A propos de temps, Frédéric Beigbeder affirme dans son ouvrage référence que « l’Amour dure trois ans ». Un autre fait me semble aujourd’hui établi.
Le désamour, nocive conséquence des trois dernières années, peut perdurer beaucoup plus…