Ce livre est une biographie de la vie d’Ambroise Croizat, Ministre communiste d’après-guerre qui a donné naissance à la Sécurité Sociale, dont on vient de fêter les 80 ans.
Devant une dizaine de personnes, Emmanuel Defouloy a présenté la vie de cet ancien syndicaliste et homme politique, peu connu du grand public. Ministre du Travail et de la Sécurité sociale (1945-1947) dans le gouvernement provisoire de la République française (présidé par de Gaulle), on lui doit l’ordonnance du 4 octobre 1945 qui crée la Sécurité sociale.
Né en janvier 1901, Ambroise Croizat a commencé à travailler dès l’âge de 13 ans. Son père a été mobilisé en août 1914 lors du déclenchement de la première guerre mondiale. Il doit aider sa mère à subvenir aux besoins de la famille, laquelle vit à Villeurbanne.
Sans avoir pu passer le certificat d’études, Ambroise Croizat devient manoeuvre puis ajusteur-outilleur. Il adhère au “syndicat des Métaux de Lyon” en 1915, aux Jeunesses socialistes puis au PCF dès sa création après le Congrès de Tours de 1920 (qui acte la scission entre socialistes et communistes).
Les conditions de travail dans les usines sont extrêmement dures, avec une grande précarité du monde ouvrier (longues heures de travail, quasiment pas de prise en charge des soins en cas de maladie, absence de couverture si accident du travail, etc).
Ambroise Croizat s’engage dans la défense des travailleurs. Le syndicalisme devient sa vie. En 1928, il prend la tête de la “Fédération des métaux” (au sein du syndicat qui deviendra la CGT). Dans les années 1930, il sillonne la France pour appuyer les grèves et très souvent, c’est lui qui négocie avec les employeurs. Ce contact avec les réalités du terrain lui permet d’acquérir une solide culture juridique. Après les grèves de mai-juin 1936, il fait partie des militants à qui l’on doit de grandes avancées sociales : augmentation des salaires, semaine de 40 heures, congés payés. Aux élections législatives, la même année, il devient député de Paris.
Après ce panorama de la vie de Croizat, Emmanuel Defouloy a expliqué avec pédagogie le contenu de l’ordonnance du 4 octobre 1945, impulsée par le Ministre en lien avec le haut fonctionnaire Pierre Laroque.
En effet, avant la seconde guerre mondiale, en cas de maladie, il existe une multitude de structures (près d’un millier !) : des “caisses d’assurances sociales”, des mutuelles ouvrières ou des groupes privés. La couverture sociale est donc très disparate, souvent insuffisante. Les accidents du travail sont couverts par des compagnies d’assurances privées, que de nombreux ouvriers ne peuvent pas se payer.
L’ordonnance impulse une démarche novatrice : elle crée un système unique “dans lequel chacun contribue en fonction de ses moyens” (son salaire). Le millier de structures existantes est remplacé par 138 caisses primaires de Sécu, auxquelles s’ajoutent 113 caisses d’allocations familiales. Ce système permet d’assurer une couverture universelle : chaque habitant est couvert de la même façon “en fonction des ses besoins”. Le droit à la santé pour toutes et tous devient réalité.
Autre caractère inédit : les caisses, qui sont alimentées par les cotisations sociales, sont gérées par les salariés eux-mêmes, en lien avec les employeurs.
La présentation du journaliste a été suivie d’un échange intéressant avec les personnes présentes. Georges Arpin, ancien syndicaliste CGT chez Billion et ex-conseiller municipal, a rappelé qu’une plaque en hommage à Ambroise Croizat a été posée devant les locaux de la CPAM de la ville le 27 mai 2023, en présence du Maire Michel Perraud et du petit-fils d’Ambroise Croizat, Pierre Caillaud Croizat.
Le livre d’Emmanuel Defouloy est disponible à la librairie Buffet.
Radio B, radio associative à Bourg-en-Bresse, proposera une émission tirée du livre le 18 décembre à 18 h 30.
Valérie Picquet
