Montigny-les-Arsures : « village ambassadeur du don d’organes »

Le maire de Montigny-les-Arsures Dominique Gahier et son conseil municipal sous l’impulsion de Henri-Vinit, (ancien médecin coordinateur des prélèvements d’organes et de tissus) ont décidé de faire de leur village un véritable ambassadeur du don d’organes.

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Dernièrement, le village viticole est officiellement devenu « village ambassadeur du don d’organes ». « L’objectif de cette démarche, soulignait le maire Dominique Gahier, c’est de parler des dons d’organes et surtout d’en parler en famille. ».
« On manque de donneurs poursuivait Henri-Paul Vinit, habitant de la commune, ancien médecin coordinateur des prélèvements d’organes et de tissus. Il faut savoir qu’une personne décédée peut sauver la vie de 8 personnes avec le prélèvement du cœur, des deux poumons, des deux reins, deux lobes du foie, le pancréas et même l’intestin, ce dernier plus généralement pour les enfants. Le but de l’action du ruban vert et du panneau sur la mairie est de sensibiliser les gens, que chacun dise de son vivant : je suis donneur. Ceux qui ne sont pas d’accord peuvent s’inscrire sur le registre des refus. »

Quelques chiffres : en France 300 000 personnes inscrites sur le registre des refus. Au 1er janvier 2023, 10 810 patients sur liste d’attente. En 2022, 5 494 greffes tout organe confondu ont été réalisées en France, dont 533 à partir de donneurs vivants (rein ou foie particulièrement). En Bourgogne Franche-Comté 161 greffes en 2022.

 

Des témoignages émouvants

 

Un nouveau cœur depuis 6 ans

Maé a retrouvé le goût de vivre avec son nouveau coeur.

Maé a subi une transplantation cardiaque en 2017 après 30 ans de lutte contre une maladie cardiaque. « À 25 ans, on m’a diagnostiqué un affaiblissement et des troubles du rythme cardiaque, nécessitant l’implantation de 5 stimulateurs et finalement un défibrillateur après un diagnostic de CMH (cardiomyopathie hypertrophique). J’étais épuisée en permanence, je ne pouvais pas marcher plus de 100 m, monter des escaliers c’était les travaux d’Hercule. Il n’y avait plus de médication possible, on était arrivé aux médicaments les plus forts avec des incidences sur d’autres organes. La greffe était la seule solution. »

Après une série d’examens et de tests psychologiques, Maé était inscrite sur la liste de transplantation et opérée trois semaines plus tard. La période post-opératoire a demandé une rééducation pour s’adapter au nouveau cœur. Le traitement, bien que nécessaire à vie, peut être adapté en fonction de la morphologie et du système immunitaire de chaque personne. Les contrôles réguliers incluent des bilans tous les 6 mois et des examens plus approfondis au début, puis espacés avec le temps.

Malgré les épreuves, Maé apprécie pleinement sa nouvelle vie. « Pour moi qui n’ai jamais pu jouer avec mes deux filles comme le font les autres mamans, avec mon nouveau cœur, je vis au quotidien des choses formidables que je ne pouvais pas vivre avant ; je fais du sport, je voyage… Je dis merci au moins une fois par jour à la personne qui m’a permis de vivre cette nouvelle vie. »

Greffé du cœur depuis 7 ans

Laurent, greffé depuis 6 ans, vit maintenant normalement.

Ancien artisan, Laurent a vu sa vie basculer il y a 7 ans. Après avoir cédé son entreprise, un appel aux pompiers a changé le cours de son existence. Transporté en urgence, il a été confronté à des épreuves médicales éprouvantes, incluant des chocs en ambulance et une intervention chirurgicale complexe. Plongé dans un coma artificiel pendant huit jours, il a été maintenu en vie par des dispositifs externes de respiration et de circulation sanguine.

À sa sortie de l’hôpital, une nouvelle phase a commencé. Équipé d’une lifevest, une veste munie de capteurs, d’un ordinateur et de plaques renfermant toutes ses informations médicales, Laurent a dû s’adapter à une routine quotidienne minutieuse. Tous les deux jours, la veste était remplacée, ce qui garantissait une surveillance constante de son état de santé.

Cependant, un incident dramatique a secoué sa récupération. Après un réveil brutal, il a réalisé qu’il avait fait une mort subite. Heureusement, son épouse a agi avec promptitude en lui remettant la lifevest et la batterie, ce qui a permis de stabiliser la situation et de le ramener à l’hôpital.

Suite à cet événement, il a été équipé d’un défibrillateur et a poursuivi son chemin vers la guérison. C’est par la suite qu’il a été informé de la nécessité d’une greffe cardiaque. Après une période d’attente d’un mois et demi depuis son inscription sur la liste de la Biomédecine, il a été contacté un dimanche matin et s’est rendu à l’hôpital. Le lendemain, il s’est réveillé sans douleur, porteur d’un nouveau cœur, et une nouvelle vie a commencé. Jusqu’au jour où il a fait un infarctus avec son nouveau cœur et la pose d’un stent s’est imposée.

Aujourd’hui, Laurent vit pleinement malgré les défis posés par les médicaments anti-rejets, indispensables mais exigeants. Il consacre une partie de son temps à l’association ADOT 25, où il partage son expérience et éclaire sur les enjeux liés au don d’organes.

« En réfléchissant à ma propre expérience de donneur depuis 1996, jamais je n’avais envisagé d’être un jour receveur. Mon histoire, c’est celle d’une renaissance, d’une gratitude infinie envers la générosité humaine et envers ceux qui, dans l’ombre, offrent une seconde chance à la vie. Quand je vais à l’hôpital aujourd’hui, je dis que vais faire un stage d’humanité. »

Les six greffés et Henri-Paul Vinit.

Manuel, Claude et Alain tous trois receveurs d’un rein et Serge de deux cornées ont également apporté leurs témoignages. Une soirée remplie d’émotions et de questionnements.