Jura. Colère des agriculteurs : quelles actions dans le département ?

Ils ont encerclé la préfecture, puis bloqué deux plateformes de la grande distribution. Les organisateurs envisagent une action chaque semaine.

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400 agriculteurs s'étaient mobilisés, hommes, femmes, de toutes les générations.

« Venez avec nous ! » Deux cyclistes interpellent les piétons qui observent le convoi de tracteurs en direction de la gare. Vendredi 26 janvier, 268 engins agricoles vont encercler la préfecture à Lons-le-Saunier, alors que leurs représentants rencontrent le préfet.
Auparavant, ils sont venus de tout le Jura, provoquant ralentissements et déviations, afin de se rejoindre au rond-point de Montmorot. Quelque 400 agriculteurs veulent faire entendre leur colère.
Parmi eux, Dominique Mainet et sa fille Flavie. Le professionnel possède une exploitation familiale dans le lait qu’il tient de son père à Champagnole. Il s’inquiète surtout de la hausse de la taxe sur le GNR. « Si ça passe, cela me coûtera 10 000 euros supplémentaires. » Il s’agace aussi de la concurrence déloyale. « On n’a pas tous les mêmes normes. Et il y a des décisions environnementales aberrantes, même si bien sûr il ne faut pas faire n’importe quoi. »

« Ça me fait mal ! »

Alors que sur les chaînes télé, les présentateurs rabâchent que les jeunes ne sont pas intéressés par le métier, ils sont nombreux dans les rues de Lons pour démontrer le contraire. A l’image de ces apprentis du lycée agricole de Montmorot qui regrettent surtout : « Il est impossible de s’installer. Et de voir ces agriculteurs qui se lèvent, qui font des heures et qui ne mangent pas, qui n’ont pas d’aides, ça me fait mal ! ».
A l’issue de la rencontre, le président de la FDSEA du Jura, Christophe Buchet, fait un résumé. « Nous avons transmis un ensemble de revendications au préfet avec des demandes bien spécifiques au Jura. Il y a une prise de conscience au niveau national et dans le Jura. »
Il annonce une prise de parole du premier ministre Gabriel Attal qui doit suivre. « Il faut continuer », crient quelques manifestants. « Ce ne sera peut-être pas à la hauteur de ce qu’on souhaite. Le travail va se poursuivre. » Vendredi 26 janvier, l’angle d’attaque est les pouvoirs publics. « Ceux qui doivent appliquer la loi Egalim. Il y a une déconnexion. Les prix en grande surface ont augmenté mais je ne suis pas sûr que ce soit le cas dans vos fermes. Il faudra peut-être rendre visite aux grandes surfaces. »
Un débrief est prévu le soir-même dans les structures nationales entre départements pour savoir quelles suites donner au mouvement.
A 17 h, le premier ministre informe : pas de hausse de la taxe sur le GNR et simplification des remises, des sanctions pour non-respect des lois EGalim, dix mesures de simplification, une aide d’urgence aux agriculteurs confrontés à la MHE (maladie hémorragique épizootique), une aide exceptionnelle pour la filière bio et le rejet réitéré d’un accord commercial avec le Mercosur.

Deux plateformes jurassiennes bloquées

« Il y a des annonces positives, commente Étienne Rougeaux, directeur de la FDSEA du Jura, mais il reste un paquet de sujets non abordés qui attendent des réponses. » Les agriculteurs étaient invités à se mobiliser mercredi 31 janvier dès 6 h pour bloquer les plateformes d’Intermarché à Rochefort-sur-Nenon et Colruyt à Tavaux.

Les slogans étaient nombreux : « Petit on en rêve grand on en crève », « Notre fin votre faim », « L’agriculture au point de rupture »…