Champagnole. Les addictions, un enjeu de santé publique au cœur des territoires : retour sur le colloque MILDECA 2021-2024

Malgré l’absence du préfet du Jura, le colloque de clôture du programme MILDECA 2021-2024, organisé par le Contrat Local de Santé APS CNJ, s’est déroulé le 22 novembre à l’Oppidum de Champagnole. Cette journée, rassemblant professionnels de santé, élus locaux et acteurs du champ social, a permis de dresser un bilan des actions entreprises durant ces trois années.

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David Weinberger à l'Opidum de Champagnole le 22 novembre.

La journée a débuté par une ouverture officielle, assurée par Emma Gay-Bonniot, représentante de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté. Elle a salué les initiatives locales et le pilotage rigoureux des programmes menés, mettant en avant le rôle clé des Contrats Locaux de Santé dans la prévention des addictions et le développement des compétences psychosociales.

Le pilotage d’un programme exigeant

Edith Ruefly, animatrice du Contrat Local de Santé pour les collectivités APS et CNJ, a partagé les défis et les réussites du programme MILDECA :
« C’est un programme financé par la MILDECA sur trois ans. Nous avons formé 110 professionnels au développement des compétences psychosociales, touchant ainsi près de 2 000 enfants. Nous avons également constitué un réseau de 70 acteurs relais formés aux addictions, et organisé des actions comme le Mois sans tabac impliquant jeunes et salariés. Ce programme s’est terminé presque date à date, après un suivi rigoureux avec deux copilotes chaque année. » Elle a également souligné l’importance de la coordination locale et nationale pour mener à bien ces projets complexes : « Ces actions démontrent que le terrain a un rôle crucial à jouer dans la prévention des addictions, mais elles ne pourraient pas voir le jour sans des financements comme ceux de la MILDECA. »

Un éclairage national sur les addictions

David Weinberger, chercheur associé à l’IRIS et co-directeur de l’Observatoire des criminalités internationales, a offert une analyse éclairante des problématiques liées aux addictions en France avec un focus sur le Jura. Chargé de mission Recherche à la MILDECA, il a dressé un état des lieux des substances les plus consommées, à commencer par l’alcool et le tabac, responsables de 45 000 décès annuels, avant d’aborder les drogues illicites comme le cannabis, la cocaïne et l’ecstasy, en nette progression.

Il a également alerté sur les addictions émergentes, notamment celles liées aux écrans et aux jeux d’argent en ligne, en insistant sur leur impact croissant chez les jeunes. « L’addiction est une combinaison entre un produit, une personne et un contexte », a-t-il rappelé, soulignant la nécessité d’une prévention adaptée et d’une meilleure régulation.

Son intervention a mis en lumière l’importance des actions locales, tout en appelant à une prise de conscience collective sur les pratiques culturelles, comme la banalisation de l’alcool chez les jeunes, et à un renforcement des efforts pour limiter la disponibilité des substances addictives.

Le lien entre compétences psychosociales et prévention

La matinée s’est poursuivie avec l’intervention de Julien Masson, professeur en sciences de l’éducation. Il a exploré le rôle des compétences psychosociales dans la prévention des comportements à risque chez les jeunes. Il a souligné que des enfants et adolescents formés à ces compétences sont mieux armés pour affronter les pressions sociales et éviter les addictions.

Un programme de terrain au service des habitants

Depuis 2021, le programme MILDECA a permis la formation de 110 professionnels de l’enfance et de la petite enfance au développement des compétences psychosociales, touchant ainsi près de 2 000 enfants. Un réseau de 70 acteurs relais a également été constitué pour favoriser l’orientation vers les soins des personnes souffrant d’addictions. Enfin, des actions collectives, comme les challenges du « Mois sans tabac », ont impliqué divers publics, dont des jeunes et des salariés en insertion.

La journée s’est conclue par une table ronde sur les pratiques locales et les témoignages des professionnels impliqués, suivie d’une synthèse de Emma Gay-Bonniot.

Ce colloque marque la fin d’un programme de trois ans riches en initiatives. Cependant, comme l’ont rappelé les intervenants, le combat contre les addictions reste un chantier de longue haleine, nécessitant des efforts constants et une adaptation aux évolutions des comportements.

B.B