L’environnement taille un costard à l’habillement

L’industrie textile est priée de se mettre au vert par la Commission Européenne, tant il est vrai que le gâchis y fait rage. Recyclage et vêtements de seconde main devraient encore y gagner.

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Chaque européen jette en moyenne 11 kg de textile par an

C’est un immense gâchis : en Europe, les consommateurs achètent en moyenne 26 kg de vêtements et de linge de maison par an et par personne, tandis que 70% de leur garde robe n’est jamais portée. Frivolité et consumérisme semblent donc caractériser ce secteur, de doux euphémismes lorsqu’on sait par ailleurs que 35% des fameuses micro-particules de plastiques si délétères pour l’environnement serait issues de vêtements faits de polyester ou d’acrylique (lire encadré). On estime qu’il faut en moyenne 1,5 kg de pétrole pour produire 1 kg de polyester : autant dire que le prix des vêtements n’a aussi pas fini de flamber. L’Union de l’industrie textile annonce une hausse des prix comprise entre 5 et 20% sur la collection automne-hiver 2022. Une hausse justifiée par la hausse des prix des matières premières (+51% en une année), et de l’explosion du coût des transports (+116%), qui devraient encore s’amplifier. Alors, comment faire mieux avec moins ? C’est le challenge auquel la Commission européenne a décidé de s’attaquer via un projet de règlement, qui va être débattu par le Conseil  et le Parlement européen. Bruxelles veut en finir avec le scandale de la « fast fashion » : seulement 1 % de la production est aujourd’hui recyclée, et les collections se succèdent à un rythme effréné, ce qui conduit chaque européen a jeter en moyenne la bagatelle de 11 kg de textile par an. Si ce projet est adopté, l’Europe veut imposer d’ici 2030 que tous les textiles soient durables et recyclables (comprenant un pourcentage minimum de fibres recyclées). En d’autres termes, faire la part belle à l’économie circulaire et mettre fin à certaines pratiques comme la destruction des articles invendus, ou des normes de fabrication plus que légères qui réduisent  la durée de vie des vêtements (en grande partie importés d’Asie). Comme d’autres produits de consommation, les vêtements pourraient aussi porter une nouvelle étiquette incluant davantage d’informations sur leur parcours de fabrication. Un changement de cap qui serait le bienvenu pour donner un peu de sens à un univers souvent taxé de futilité.

La rédaction

Le boom de la seconde main continue

Le succès de Vinted n’est plus à démontrer en France, où près de 17 millions d’utilisateurs sont devenus accros de cette application lituanienne permettant de revendre sur la toile les vêtements qui ne trouvent plus grâce à leurs yeux. Selon l’Observatoire Natixis Payments, 2021 a d’ailleurs battu tous les records pour le vêtement d’occasion, avec une hausse des ventes de 51% (et même 140% si on compare 2019 à 2021). Selon une étude de l’Observatoire de la consommation Cétélem, 6 Européens sur 10 déclarent avoir vendu des biens d’occasion au cours de l’année, et les français en tireraient en moyenne 77€ par mois, une somme non négligeable…

Des fringues hyper polluantes

Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), l’industrie du textile constitue une des plus polluantes au monde. Elle émet 10% des émissions de gaz à effet de serre mondiaux, et figure en 3e place au monde des secteurs les plus consommateurs d’eau. Selon la communauté scientifique, la machine à laver constitue en outre une redoutable tueuse, puisque à chaque lavage, des centaines de milliers de microfibres synthétiques partent dans le circuit d’évacuation. Des fibres qui, si elles ne sont pas stoppées par une épuration particulièrement affûtée, finissent en mer…