La Mouche du coche

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Gérard Bouvier.

Être heureux, ce n’est pas bon signe, c’est que le malheur a manqué le coche, il arrivera par le suivant.
Marcel Aymé, Enjambées (1967) – Gallimard

J’observe nos rancœurs sur les réseaux sociaux.
Bien des embellies de notre vie courante, des avantages nouveaux, des progrès créent la colère.

Tout bienfait est un dû. Mais il arrive trop tard, il est bien insuffisant et on va le payer cher un jour. Sans compter le préjudice injuste qu’il ne s’adresse bien souvent qu’à une majorité, oubliant tous les autres avec un mépris qui est la honte de notre société et plus encore des gens qui prétendent nous gouverner avec pour seule légitimité que c’est nous qui les avons élus.

Ainsi notre malheur permanent et médiatiquement entretenu, reste notre ultime espoir pour vivre jour après jour. Sans parler des nuits.

Nous sommes le plus malheureux des peuples, gouverné par nos élus qui ne songent qu’à nous faire misérer dans l’espoir que nous les élirons la prochaine fois. Espoir insensé mais qui prouve -s’il était nécessaire- leur incompétence d’autant moins admissible que c’est nous qui les avons choisis.

Mais où aller ? En Somalie ? En Ukraine ? Au Zimbabwe, en Iran ? Pour aggraver notre empreinte carbone ? Jamais ! Plutôt souffrir chez nous.

Dans le classement 2022 du Word Happiness Report (un bidule des Nations unies pour évaluer le bonheur des autochtones) ne cherchez pas la France. Elle est dans les choux. Pas mieux qu’au concours de lancer de thon où nous sommes relégués loin de l’Australie ou au championnat de Wife Carrying qui consiste à transporter sa femme le plus vite et le plus loin possible. Nous sommes tellement distancés par la Finlande que c’est à pleurer de honte. Et à la laisser au bord du chemin !