Le simple fait de vivre est déjà déconcertant et mériterait qu’on y réfléchisse un jour, mais là ! Il faut bien reconnaitre que ce que nous vivons est bien étrange !
Heureusement la Marie-Madeleine me tient à bout de bras avec ses expressions d’une grande justesse qui, d’avoir tant servi, sont éculées jusqu’à la trame : Croyez-vous qu’ils vont finir par se rabobiner, demande-t-elle. Quelle sale engeance ! Y en a pas un pour sauver l’autre… Un gouvernement qu’ils disaient, pensez-vous, une pétaudière ! Un gouvernement ça se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Toujours à piauner et à vociférer mais -m’en croyez- à pisser contre le vent on mouille sa chemise.
Des dettes… Qui paye ses dettes s’enrichit, qu’on disait ! Probable mais quand il y a point de foin au râtelier les chevaux se battent. Quelle gabegie ! On a eu trop longtemps les yeux plus grands que le ventre. Cherchez pas ! C’est ça qui me met les nerfs en pelote parce que… qui c’est qui va cracher au bassinet au bout du bout ?
De temps en temps ils nous donnent des clopinettes, ces arsouilles. Pensez-vous ! Un emplâtre sur une jambe de bois… On n’est pas près de toucher le pactole !
Non ! Je ne me suis pas lever du pied gauche, non je ne me monte pas le bourrichon !
Mais, savez, y en a bientôt assez de travailler pour le roi de Prusse et de se saigner aux quatre veines et pour quoi ? Je vous l’demande un peu ! À l’arrivée on va être de la revue et on va finir pauvre comme Job. Je vous fiche mon billet qu’on file un mauvais coton. Je suis pas sortie de Saint Cyr mais je les vois venir avec leurs gros sabots, ces drôles d’apôtres…
Aujourd’hui la Marie-Madeleine est fine colère et elle n’est pas bonne à prendre avec des pincettes. J’ai peur que nos gros bonnets ne la fassent devenir chèvre. Même si ça n’est pas leur priorité.
Retrouvez cette rubrique enrichie des explications de l’auteur sur : www.hebdo39.net