Construite en 1768, la grande fontaine de Sermange a été réalisée par Antoine-Louis Attiret sur une ancienne fontaine.

Une cinquantaine d’années plus tard, en 1821, le conseil municipal de Sermange remarquait l’état déplorable dans lequel était la fontaine. Elle fut alors rénovée. D’autres restaurations se succédèrent ensuite. En 1876, coup de tonnerre : l’architecte Ruffier de Dole souhaitait la démolition de l’abreuvoir, des bassins et du lavoir ; puisque cet ensemble gênait la circulation.

Aujourd’hui, il ne demeure que le pavillon de puisage et la fontaine. Cette fontaine publique ou fontaine semi-circulaire à quatre colonnes a été classée aux Monuments Historiques par un arrêté du 22 décembre 1970.

 

« La particularité [de cette fontaine], ce sont les colonnes avec ce que l’on appelle les colonnes baguées et ornées de congélations », explique Michel Benessiano.

Véritable emblème du village, la fontaine de Sermange dispose de particularités qui nécessitaient sa restauration. « La particularité [de cette fontaine], ce sont les colonnes avec ce que l’on appelle les colonnes baguées et ornées de congélations », explique Michel Benessiano, maire de la commune depuis 2014. Des colonnes qui font écho à celles de la Saline royale d’Arc-et-Senans (sur le pavillon des commis par exemple) ; Antoine-Louis Attiret était contemporain de Claude-Nicolas Ledoux. Ces colonnes sont aussi visibles sur les deux fontaines Médicis, respectivement au jardin du Luxembourg (Paris) et au jardin de Boboli (Florence).

 

Une longue restauration

Au total, il aura fallu six ans de réflexion pour mener à bien cette réhabilitation dont les travaux débutèrent en novembre 2020.

Largement dégradé, le monument devait être restauré pour être pérennisé dans le temps. Au cours de cette restauration, cinq micropieux qui descendent à neuf mètres de profondeur furent positionnés. L’ensemble a été supervisé par un architecte de Lons-le-Saunier qui fit, par exemple, de réelles découvertes sur le réseau hydraulique très complexe autour de la fontaine.

Mais pour Sermange, petite commune de moins de trois cents habitants, le coût d’une telle opération n’aurait pas été possible sans le soutien de différentes entités, dont la mission Bern.

 

Michel Benessiano, maire du village depuis 2014, le jour de l’inauguration de la grande fontaine de Sermange.

98% de subventions

Aide exceptionnelle, la fontaine de Sermange a été soutenue par la mission Bern, qui a apporté les 59 000€ manquants pour boucler le budget. Michel Benessiano eut alors dû mal à réaliser que le petit village qu’il administre, peuplé par environ 240 habitants, était retenu pour une sélection nationale.

« En septembre 2017, le président de la République a confié à Stéphane Bern une mission d’identification du patrimoine en péril et surtout de recherche de nouvelles sources de financement pour le restaurer. Et c’est de cette initiative qu’est né le fameux loto du patrimoine, dont le produit est attribué à la Fondation du Patrimoine pour sa mise en œuvre », souligne madame Garnier, représentante de la Fondation du Patrimoine qui représentait aussi la mission Stéphane Bern et le loto du patrimoine lors de l’inauguration le 14 mai 2022. « 4806 sites en péril ont été signalés grâce à la plateforme Mission Bern », ajoute-t-elle, avant de préciser que « dans le Jura, la grande fontaine de Sermange a été sélectionnée en 2020. En 2019, c’était l’abbaye de Baume-les-Messieurs. Il y a trois phases de travaux à Baume-les-Messieurs et la première est terminée. En 2021 pour le Jura, la maison de Louis Pasteur d’Arbois a été sélectionnée comme site emblématique Bourgogne-Franche-Comté. Et ce sont les remparts du fort des Rousses, qui sont non protégés, qui ont bénéficié du loto au titre du département en 2021 ».

 

La rupture du ruban inaugural suite aux travaux de restauration de la grande fontaine de Sermange, avec les officiels, le 14 mai 2022.

 

Des travaux dont le coût s’élève à 283 000€ TTC, dont 277 000€ de subventions, soit près de 98%. Obtenir un tel niveau de subventions est extrêmement rare. « Nous avons la fierté d’afficher un joli courrier de monsieur le préfet qui nous autorise à dépasser ces 80%, ce qui nous fait un taux quand même relativement exceptionnel », confie le maire de Sermange. La DRAC (à hauteur de 48% du montant global), la mission Bern (à hauteur de 21% du montant global), le conseil départemental du Jura (à hauteur de 13% du montant global) et des dons (à hauteur de 2697€ pour 17 donateurs) soutinrent ce projet.