La fin d’aides à la rénovation énergétique tombe mal

Un syndicat professionnel dénonce un coup d'arrêt aux aides à la rénovation, menaçant selon lui 13.000 emplois (et les fameuses isolations à 1 euro N.D.L.R.). Des propos nuancés par l'Ajena pour qui d’autres aides sont mobilisables.

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48% des propriétaires ayant entrepris des travaux de rénovation énergétique ont bénéficié d’aides publiques. (Photo illustration Ajena).

A l’heure ou les énergies flambent, un syndicat professionnel dénonce l’abandon de mesures incitatives, synonyme de marasme pour le secteur (lire encadré). L’Ajena, seule association du Jura habilitée par l’État en matière de transition énergétique, tient un discours un peu différent. Son directeur, Christophe Nouzé, reconnaît qu’il est dommage que certaines aides cessent. Mais Christophe Pignon, conseiller en énergie, explique le pourquoi : la valeur des CEE (certificat d’économie d’énergie) finançant les aides aux rénovations avait été doublée il y a deux ou trois ans, avant de revenir aujourd’hui à la normale (lire encadré).
Selon lui, « les groupes nationaux, ceux qui font de l’isolation à un euro, sont impactés mais les artisans locaux ont du travail jusque par dessus la tête ». Christophe Pignon rappelle aussi que de nombreuses aides perdurent pour les particuliers : Ma prime renov’ ou Sérénité, Effilogis, etc. Des aides ou subventions qui peuvent aller de zéro à 80-90% des travaux en fonction des ressources du requérant (jusqu’à 10.000 € par exemple pour une chaudière à granulés à 14.000 €).
Encore faut-il être sûr de remplir les critères pour les obtenir et éviter les arnaques (souvent suite à du démarchage téléphonique) : c’est pourquoi Ajena se propose de réaliser un diagnostic personnalisé à l’issue d’une étude globale du bâti. Rien ne sert en effet d’installer une chaudière à granulés dans une passoire thermique par exemple. « Réduire de 30% ses factures d’énergie, ça vaut vraiment le coup » insiste Christophe Nouzé, ajoutant que « l’énergie la moins chère, c’est celle qu’on ne consomme pas ».
Selon lui, le Jura et la Franche-Comté recèlent un énorme potentiel de rénovation, du fait d’un bâti rural et souvent ancien. Un potentiel d’autant plus grand que les coûts du neuf se sont renchéris à la faveur de la ‘RT 2020’ entrée en vigueur le 1er janvier dernier.

La rédaction

Contact Ajena : 03 84 47 81 14

Vers l’arrêt des isolations à 1 € ?

D’après le Symbiote (SYndicat Multi Branches des Industries et des Opérateurs de la Transition Energétique), « les professions de la rénovation énergétique  vivent, depuis près d’un an, une situation très préoccupante et la déstabilisation de toute la filière est maintenant avérée ». Dans une lettre ouverte adressée au Ministre de la Transition Écologique, il liste les conséquences de l’arrêt brutal des coups de pouce au secteur : « diminution de plus 80 % des chantiers de rénovation en isolation de combles, de murs, de planchers, ainsi que des mises en place d’équipements performants ; inexistence des rénovations performantes; licenciements massifs et leur corolaire de fermetures des entreprises depuis les 6 derniers mois avec une estimation de pertes d’environ 13 000 emplois; diminution de l’ordre de 50 % des ventes des isolants ou équipements (alors que les industriels ont fortement investi et que l’industrie des produits d’isolation est une industrie nationale et locale).  Pour conclure, le Symbiote appelle donc à une relance rapide du secteur via un nouveau « coup de pouce ».

Les gros pollueurs de plus en plus vertueux

Il était une fois des ‘pollueurs’ taxés sur leurs émissions nocives par un système de ‘droits à polluer’ de plus en plus exigeant. Selon Christophe Nouzé, les grands industriels (Engie, Totalenergies, etc.) sont si durement frappés au portefeuille qu’ils ont faits de gros efforts pour moins polluer, visant même la neutralité carbone en 2030, comme Engie vient de le déclarer. D’où un corollaire inévitable : la baisse conséquente des CEE pour les particuliers, après quelques années hors norme…