La Chatelaine. Julie Fromont, des plantes aux flacons dans son havre jurassien

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Ferme Cassiopée Jura
Julie, rayonnante au milieu de la sauge sclarée.

À La Châtelaine, au cœur du Jura, une ancienne ferme est devenue un lieu de vie où la nature reprend doucement ses droits, guidée par la main douce mais déterminée de Julie Fromont. À 37 ans, cette passionnée des plantes médicinales et aromatiques cultive bien plus que des espèces aux noms poétiques : elle fait pousser un projet de vie, mûri avec patience, à la croisée du rêve et de la conviction.

De la passion au projet de vie

Tout part d’un amour d’enfance pour les végétaux. Après un baccalauréat en économie et sciences sociales, Julie opte pour un BTS horticole en Alsace, avec une spécialisation en plantes parfumées, aromatiques et médicinales. Mais le chemin vers la terre n’est pas immédiat. La rareté des débouchés dans ce domaine l’amène à s’orienter vers le tourisme vert. Elle travaille un temps en Haute-Saône, puis dans le Jura, au Fort Saint-André de Salins-les-Bains. Mais une rencontre avec un producteur des Alpes, qui vit de sa distillation de plantes, agit alors comme un déclic. L’évidence s’impose : elle aussi veut tenter l’aventure.

Une ferme baptisée Cassiopée

S’en suivent un bilan de compétences, une formation en agriculture biologique, l’obtention d’un certificat de spécialisation… et une longue recherche pour trouver le lieu idéal. Elle finit par s’établir à La Châtelaine, dans une ferme entourée de 76 ares. C’est là que naît, en 2022, la ferme Cassiopée. Un nom qui invite à lever les yeux, à rêver un peu. « Je voulais quelque chose de poétique. Cassiopée, on la repère facilement dans le ciel avec sa forme en W. »

Aujourd’hui, Julie cultive environ 30 ares — une surface qui lui convient, sans ambition d’agrandissement. Elle y fait pousser plantes aromatiques et médicinales : verveine, lavande, camomille, hélichryse, mélisse, menthes, sauges… et une diversité de fleurs. Des plantes qu’elle distille pour en extraire des hydrolats, des eaux florales ou des huiles essentielles.

L’art délicat de la distillation

La distillation s’opère sur place, dans un circuit fermé alimenté par une citerne d’eau de pluie. L’espace comprend un laboratoire professionnel, où Julie transforme les plantes en baumes de massage, huiles essentielles, hydrolats ou eaux florales. « L’eau florale, c’est la fleur uniquement. L’hydrolat, c’est parfois la plante entière, ou juste les feuilles ou la partie aérienne fleurie. » Rien n’est conservé artificiellement. Tout est pur, simple, artisanal. À titre d’exemple, un kilo de plantes fraîches donne environ un litre d’hydrolat, à utiliser aussi bien dans une tisane qu’en soin direct sur la peau, comme une caresse végétale. »

La distillation, une étape importante.

Transmettre les odeurs, les goûts, les gestes

La ferme Cassiopée, c’est aussi un jardin pédagogique, mis en place cette année. Un espace de senteurs et de saveurs, pour faire découvrir les odeurs, les textures, les goûts. Julie veut y transmettre un savoir à la fois simple et précieux. Elle cultive également des fleurs comestibles et des fleurs coupées, toujours sans aucun pesticide. Julie avance à son rythme, à cultiver seule ses 30 ares, aidée de son compagnon durant le week-end. Dans sa ferme, on entend le silence des plantes et le bruissement discret d’un monde qu’elle façonne avec patience. Un monde où la nature est privilégiée.

Un autre projet lui tient à cœur, une mare, pour enrichir encore la biodiversité du lieu. Des canards coureurs indiens sont déjà là en attente de leur “piscine personnelle”.