Grands mots… Grands remèdes…

Nos années folles

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Gérard Bouvier.

Les années 20… nous nous souvenons tous des années folles ! Montmartre, Modigliani, Chagall… Les surréalistes : André Breton, Éluard, Salvador Dali… Et bien sûr le jazz, le charleston, la Revue Nègre. Et Joséphine Baker, danseuse nue, sur qui personne n’aurait misé une pièce de cent sous pour son entrée future au Panthéon…
C’est l’époque où M. Paul Deschanel, Président de la République, tombait d’un train en marche et en pyjama au milieu de la nuit du côté de Montargis avant d’être ramassé et réconforté par le garde-barrière M. Dariau, étonné par ce don du ciel. C’était son premier Président de la République récupéré sur les voies du PLM, où il avait plutôt l’habitude de cueillir des morilles.
On disait le Président fatigué et anxieux. C’était avant l’invention du burn-out qui légitime tant de coups de mou. C’était une autre époque où les présidents gardaient une spontanéité à rayures, une fraicheur bien repassée et un pyjama qui ne seraient plus de mode aujourd’hui. Si en 2022 le Président devait tomber du train, ce qu’à Dieu ne plaise, toutes les oppositions confondues se répandraient sur les chaines en boucles en vaines polémiques sur la couleur du pyjama, la dimension de la braguette, le continent d’origine du tissu et la longueur des bretelles.
Aujourd’hui, nous errons aussi parmi les années 20. Mais nous avons pris un siècle de plus. Ne soyons pas nostalgiques, elles ont aussi leur charme nos années 20.
Les gardes-barrières sont en voie de disparition. Mais les gestes barrières vont bon train… Et nous avançons masqués. Comme un Carnaval de Venise qui deviendrait permanent.
Les bouilleurs de crus disparaissent de nos campagnes mais nous avons le gel hydroalcoolique qui dégouline à flot.
Pourquoi toujours se plaindre ? Les temps changent et nos plaisirs aussi.