L’année commence par le recyclage des grands mots de l’année 2021 élimés et éculés mais point assez démodés pour être mis à fiche-perdre. On va retrouver les « si j’avais su ! » en réanimation. Et aussi, sur tous les étals de nos bavards, on va retrouver « la pédagogie », réclamée à tout-va par ceux qui croient en ses effets définitifs sur les antivax. Ce serait le grand remède pour faire reculer l’obscurantisme et affiner les calculs statistiques en perdition de quelques beaux parleurs qui n’ont pas dépassé le stade de l’addition-soustraction.
Des bonimenteurs en boucle s’accrochent à la pédagogie comme la moule à son rocher.
Il est plaisant d’imaginer un pédagogue affrontant un défilé d’antivax et qui, grâce à quelques oraisons pomponnées, retournerait leurs convictions jusqu’à les faire obliquer en rangs serrés vers le vaccinodrome le plus proche. Naturellement, le pédagogue sera plus convaincant s’il arbore la panoplie de Merlin l’Enchanteur et ce serait une belle photo dans la presse locale.
La manœuvre mérite d’être étudiée de près. Car si tous ceux qui sont habités de croyances en changeaient soudain, sous les assauts d’une pédagogie bien léchée, il faudrait en étendre les débouchés derechef. Ce ne sont pas les domaines qui manquent où la pédagogie pourrait sauver l’humanité ou ce qu’il en reste.
Les fumeurs ne fumeraient plus, les buveurs excessifs seraient directement branchés sur l’eau du robinet, les maris violents achèteraient du mimosa au moindre prétexte pour fêter leur dulcinée. Voire même des œillets. Et tous ceux qui pédalent dans la choucroute médiatique se tourneraient plutôt -toutes affaires cessantes- vers le cyclotourisme sur voie verte en terrain bucolique.
Bonne année.