Faire un scrabble en posant « wokisme » sur un « mot compte double » est le rêve de tout joueur soucieux d’enfoncer sans retour son adversaire. Ce mot sert aussi (avec cette même intention) pour exploser la concurrence dans le débat politique où désormais il fait fureur. C’est une imprécation hostile, presque un juron, venu du parler anglo-saxon et dont la définition (à ce jour) reste floue, ce qui est un atout quand il s’agit de bâcher sur la place publique un opposant à nos si belles et si définitives idées. Ce mot, en ces temps d’élection, est promis au plus bel avenir.
Sa quasi homonymie avec un mode de cuisson de la cuisine chinoise ne peut que rajouter du goût au débat politique déjà savoureux et fondant sous la langue.
Bien sûr, les mots nouveaux seront toujours les bienvenus surtout quand ils sont le prétexte d’une rubrique torchée à peu de frais. Mais je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée émue pour tous ces persiflages et quolibets qui firent les beaux jours de nos anciens débats… Ils n’ont pas la grandiloquence des salons parisiens ni même l’enflure des ors de la République mais ils fleurent bons nos territoires ruraux et mériteraient bien une AOP de la conversation authentique.
On n’entend plus sur CNews, ni France-Culture et pas même sur Radio-Bresse les : Grand dépendeur d’andouilles ! Peau de bique ! Charogne ! Espèce d’embouâille ! Brâillotte ! Pov’ drouille ! Finis les tatouilles toujours à vouisener. Finis les boqueneuillots, les bécasus et les escornifious.
Pourtant ces mots n’ont rien perdu de leur efficacité et ils seraient recyclables. J’en veux pour preuve que leur seule évocation fait naître dans notre esprit l’image d’un de ces politiques qui se répandent avec gourmandise sur nos écrans aux heures de grande écoute.