Kevin Moroy, quelles sont vos fonctions ?
Je suis responsable des hangars de plus de 6000 m2, mes fonctions vont de la sécurité, au contact avec l’aéroport avec qui nous entretenons d’excellents rapports, à l’accueil des clients (en grande majorité suisses et français, mais aussi américains ou allemands), etc.
Quels types d’avions avez-vous hébergés ou restaurés ?
On consacre notre activité à l’aviation historique depuis 2013, notamment avec le DC3. Cet avion phare vient chez nous pour de la maintenance, des vols d’essais, du stockage, etc. Il est emblématique, car il a participé au débarquement de Normandie en juin 1944, et a laissé sa trace dans l’histoire. Le Douglas DC3 fait une trentaine de mètres d’envergure, et une vingtaine de mètres de long, avec deux moteurs sur l’avant, et son fuselage alu brille de mille feux au soleil. Nous avons également un Fouga Magister, un jet d’entrainement des pilotes de chasse de l’Armée de l’air française des années 50-60, qui possède deux réacteurs, et qui a servi pendant de nombreuses années dans la patrouille de France. Dernier projet phare post Covid, nous abritons aussi un avion nommé Paris jet, semblable au Fouga dont on compte seulement deux exemplaires en état de vol en France.
Quelles infrastructures accueillez-vous à quelques pas du tarmac bien connu des jurassiens ?
Nos deux hangars fortement sécurisés abritent tous les avions, pour les protéger de la corrosion, du soleil, de la pluie, c’est très important pour les pièces de collection. On a tous les outils pour faire tout l’entretien nécessaire, le hangar est chauffé et bien éclairé, ce qui est important pour la maintenance qui se produit surtout en hiver : durant cette période, l’avion n’est pas complètement démonté, mais en grande partie. On vérifie vraiment tous les éléments, cela va des durites, à la pression des pneus, aux hélices, sans contrainte de temps : tout est inspecté de manière très très minutieuse. Les gens qui exercent ici sont des passionnés qui ne comptent pas leur temps, et qui font de l’excellent travail sans pression, ce qui permet de continuer à faire voler ces avions sans aucun problème de sécurité. Pour intervenir sur ces machines, il faut des compétences très très particulières, très techniques; les mécaniciens qui travaillent ici viennent du monde entier (Etats-Unis, d’Angleterre, etc.). Heureusement, il y a encore des pays et des sociétés qui restaurent des pièces détachées ou les fabriquent.
Pourquoi Dole-Tavaux a-t-il fait sa place dans ce créneau très particulier ?
L’aéroport de Dole constitue un secteur favorable car il n’est pas surchargé et proche de la Suisse, où les activités aéronautiques restent de plus en plus difficiles à mettre en œuvre. Par ailleurs, comme tous les grands aéroports, Lyon est saturé, Genève est très cher (en particulier les taxes d’aéroport et de parking) ; ici on a tous les services à des tarifs attractifs. Pour stocker un avion DC3 pendant un an par exemple, on est moins cher que la Suisse et que les grands aéroports français.
Kevin Moroy, peut-on dévoiler vos projets pour les mois à venir ?
On a du se réinventer après le Covid, car les meetings aériens ont été très impactés, ils ont commencé à reprendre cet été. Même si notre colonne vertébrale demeure l’aviation historique, nous nous sommes ouverts à l’aviation d’affaire (vols d’entraînement ou stockage d’appareils mis en vente), ou pour un avion hybride qui s’est dérouté pour recharger ses batteries chez nous. L’événementiel nous a aussi permis de trouver de nouvelles rentrées d’argent. Notre site totalement atypique s’est ouvert à des évènements privés, tels que des shootings photo, des réunions. Des concessions automobiles sont également venues y présenter leurs derniers modèles de voitures, etc.
Est-il possible de voir ces avions autrement qu’en vol ?
Oui, on accueille ponctuellement et gracieusement des passionnés d’aviation, mais nous ne sommes pas ouverts comme un musée. Nous avons également accueilli des enfants hospitalisés ou handicapés dans le cadre de « Rêves de gosses », pour leur permettre de voir nos machines de près.
Recueilli par la rédaction