Sobriété supportrice

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C’est parti !
Voilà que vient tout juste de débuter la 22ème édition de la Coupe du Monde de Football qui se déroulera au Qatar jusqu’au 18 décembre (jour de fête nationale du pays organisateur). Sur beaucoup de points, ce tournoi est inédit !
D’abord quant à la période hivernale à laquelle se joue la compétition, jusqu’alors toujours programmée entre juin et juillet. Ce qui habituellement nous agrémentait l’été, puisque débutaient aussi les premières étapes de montagne du Tour de France lors des jours de repos entre demi-finale et finale. De quoi chasser l’ennui, parfois même s’exalter des prouesses tricolores, devant la lucarne à rayons cathodiques.
On notera aussi qu’aucune nouvelle nation n’y participe, à l’exception du Qatar, qualifié d’office puisque pays hôte.
Et puis surtout, reviennent aujourd’hui toutes ces polémiques soulevées (bien tardivement) quant à l’éthique de certaines pratiques qataries, notamment au sujet des chantiers de construction pharaoniques qu’il a fallu engager dans l’émirat, jusqu’alors dépourvu d’infrastructures sportives adaptées à la pratique du football international.
Officiellement, selon les sources gouvernementales (qui rappelons-le, entretiennent une conception toute particulière du sens et des valeurs de la « démocratie »), 37 ouvriers y auraient trouvé la mort. Selon d’autres organisations ou comme l’affirment plusieurs journalistes, il s’agirait plutôt d’au moins 6 500 victimes…
Tout cela pour que le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, puisse proposer 8 stades climatisés, afin que les joueurs y donnent le meilleur d’eux-mêmes et que les spectateurs soient chouchoutés, sans avoir à souffrir des températures extrêmes.
Il faut dire que l’estimation du marché télévisuel potentiel s’estime à 3,2 milliards de téléspectateurs…
Pendant ce temps-là, ici en France, nos instances gouvernementales nous demandent (parfois nous imposent) « pour la planète », via son Plan de Sobriété Énergétique, de “transformer durablement nos habitudes et nos comportements”. C’est-à-dire, d’éteindre la lumière et de ne chauffer notre domicile qu’à 19 degrés ! Cherchez l’erreur.
Bref passons. Ou plutôt faisons avec. Du moins, essayons…
Retour à la compétition, à ses 8 groupes de 4 équipes, et à l’effervescence positive qu’elle provoque.
Le Brésil de Neymar s’annonce grand favori, sa victoire est cotée à 5,2 chez les meilleurs bookmakers. Arrive deuxième l’Argentine de Messi à 6,5. Puis la France de Mbappé à 8,2. Ensuite, Espagne et Angleterre sont à 10. L’Allemagne à 13, les Pays-Bas à 16, le Portugal à 18, la Belgique à 20, le Danemark à 36… Toutes les autres nations sont à plus de 50.
Les champs des possibles restent vastes et indicibles. C’est d’ailleurs ce qui fait tout son charme.
Or, même si les moyens pour y parvenir sont sans aucun doute plus que contestables, cette Coupe du Monde offrira au moins un peu de fédération entres les âmes, un peu de joie, de bonheur retrouvé d’être “ensemble”, pour des centaines de millions de passionnés du ballon rond.
Un phénomène populaire dont on ne peut que se réjouir, même en conservant une relative sobriété supportrice.
Et pour cause, inviter au rapprochement des peuples sera toujours préférable à l’entreprise des isolements sociaux, des clivages sociétaux, et des conflits armés.
Chacun peut le constater à son échelle, de plus en plus, au fur et à mesure que notre fantastique époque décadente poursuit son chemin, avec les considérables dégâts qu’elle occasionne : rassembler ce qui est épars n’est vraiment pas donné à tout le monde…