Quels sont les indicateurs clés que la Banque de France surveille de près (inflation, croissance, taux d’emploi) ?
Le mandat de la Banque de France et des autres banques centrales de l’Eurosystème porte très clairement sur la stabilité des prix, donc sur l’inflation. La cible d’inflation, qui correspond à la bonne température de l’économie, est de 2%. Un taux d’inflation durablement proche de 2% donne les meilleures conditions possibles pour la croissance et l’emploi.
Pouvez-vous nous donner un aperçu des principales projections économiques pour 2025 ? Sont-elles optimistes ?
La projection actuelle de croissance pour 2025 est de 1,2% (soit un niveau légèrement supérieur aux prévisions pour 2024 : 1,1%). La situation politique française actuelle renforce le comportement plus ou moins attentiste des entreprises et des ménages.
Qu’est-ce qui pourrait bouleverser ces prévisions ?
Les risques géopolitiques (guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, tensions commerciales, etc.) et leurs effets sur les prix des matières premières et le commerce international.
Quels sont les grands défis économiques que vous anticipez pour 2025 ?
En 2024, la croissance est tirée par le commerce extérieur. En 2025, la consommation des ménages devrait redevenir un moteur important de croissance grâce à des gains de pouvoir d’achat qui devraient être progressivement moins épargnés.
Quel est votre sentiment sur l’évolution de l’économie française ? Par rapport à 2023-2024, assiste-t-on à un rebond ou à une stagnation ?
La bonne nouvelle c’est que la bataille contre l’inflation est en passe d’être remportée. Le niveau de hausse des prix devrait revenir durablement à 2% en France dès le début de l’année 2025. La deuxième bonne nouvelle c’est que les taux directeurs décidés par la Banque Centrale Européenne sont graduellement en train de diminuer. Le contexte monétaire devient plus favorable pour la reprise de l’investissement des entreprises et des ménages qui bénéficient de la trajectoire à la baisse des taux d’emprunt.
Les réformes économiques en cours, comme la fiscalité ou le soutien à l’innovation, pourraient-elles avoir un impact positif ?
L’innovation, y compris verte, comme l’intelligence artificielle sont effectivement des facteurs qui permettent de dynamiser la capacité de production. Ce dont les chefs d’entreprise ont besoin c’est d’un cap clair y compris en matière de fiscalité. Pour prendre des décisions d’investissement, les chefs d’entreprise ont besoin de règles stabilisées. Ce qui pourrait avoir un impact positif sur l’économie, ce serait un comportement de paiement plus vertueux de la part notamment des grandes entreprises. Actuellement, les délais de paiement anormalement longs des plus mauvais payeurs amputent la trésorerie des plus petites entreprises d’environ 15 milliards d’euros.
B.B