Édito

Déresponsabilisation

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Que s’est-il passé dans sa tête ? Pourquoi en est-on arrivé là ? Comment peut-on combattre ces comportements inacceptables ?
Seul élément de réponse entendu : « Je suis désolé ».
Dimanche soir, « l’Olympico », prestigieuse affiche de Ligue 1 et match phare de cette quatorzième journée, opposait dans son Groupama Stadium, l’Olympique Lyonnais à son homologue marseillais. On attendait un beau spectacle de cette confrontation entre deux grosses cylindrées du championnat, possédant chacune un système de jeu contrasté par de flamboyantes individualités offensives.
Une alléchante opposition de styles se profilait avant de basculer au lundi matin. C’était heureux.
Sauf que dès la troisième minute, alors que Dimitri Payet s’apprêtait à tirer un corner, l’international marseillais a reçu une bouteille d’eau en plastique sur la tête. Violemment impacté, le meneur de jeu phocéen s’est écroulé sur la pelouse et y est resté plusieurs minutes, avant que l’arbitre ne décide d’interrompre le match pour renvoyer les 22 acteurs au vestiaire.
Après moult tergiversations, s’en est suivi l’arrêt définitif de la rencontre, occasionnant différentes scènes de tensions entre membres de la Ligue de football professionnel (LFP), dirigeants, et responsables du corps arbitral. Mais cette fois, l’actualité s’est emballée. Le projecteur médiatique s’est attardé un peu plus que d’habitude sur ce fait divers, révélateur du climat de déresponsabilisation générale de notre époque.
Dès le lendemain, les cabinets du ministère de l’Intérieur, de la Justice et des Sports ont initié une réunion de crise. Avec comme objectif de trouver des solutions rapides et concrètes à cette spirale de violence frappant les stades français depuis l’été. (Montpellier en août, Nice deux semaines plus tard, puis Angers, puis Saint-Étienne, et maintenant Lyon).
Dans le même temps, le lanceur de la bouteille, un individu de 32 ans, a été interpellé lundi, placé en garde à vue, puis présenté au tribunal mardi.
Il explique son geste par “la folie du moment”. Formule aussi abstraite qu’inquiétante. D’autant plus inquiétante qu’elle offre à l’auteur (qui n’a plus 18 ou 20 ans, ni les circonstances atténuantes de la jeunesse ou d’une possible immaturité qui vont avec) une vague possibilité de se dédouaner de son libre arbitre, et de se soustraire à sa responsabilité…
Verdict du tribunal ? Condamnation à six mois de prison avec sursis probatoire (de deux ans) ainsi que cinq ans d’interdiction de stade. A laquelle s’ajoute l’obligation de verser un euro à Dimitri Payet, un euro à l’OM et un euro à la LFP au titre des préjudices causés.
Fin du bal.
« A l’heure où la Ligue 1 Uber Eats connaît une attractivité retrouvée sur les terrains, ces graves incidents répétés détruisent l’image du championnat en France et à l’international » estime pour sa part la LFP.
On serait tenté d’ajouter que ces graves incidents répétés ne détruisent malheureusement ni le processus d’abrutissement, ni la misère intellectuelle, ni la stupidité inhérente à leurs coupables auteurs.
Et c’est bien dommage…