Entre l’organisation des épreuves du baccalauréat et la composition des classes pour septembre prochain, les dernières semaines de l’année scolaire ont été encore très chargées pour la proviseure du lycée Jacques Duhamel, Nathalie Kerbeci. Un exercice auquel cette dernière est très rodée mais qu’elle réalise pour la dernière fois ! En effet, après être arrivée à la tête du lycée dolois en septembre 2017, Nathalie Kerbeci a fait valoir ses droits à la retraite après de longues années à transmettre comme enseignante, puis à la direction de plusieurs établissements.
Très appréciée par la communauté éducative et par les acteurs associatifs et institutionnels du territoire pour son professionnalisme, c’est non sans émotion que cette scientifique de formation se prépare à refermer cette page, après une carrière pour le moins atypique, passée en grande partie à plusieurs milliers de kilomètres de l’hexagone.
Après des études de sciences, direction l’Arabie Saoudite
Lyonnaise d’origine, Nathalie Kerbeci a suivi un cursus scientifique en Maths Sup. Maths Spé, au départ, dans l’optique de devenir ingénieur chimiste pour finalement embrasser le professorat. “Ma carrière s’est beaucoup jouée sur des concours de circonstances”, sourit cette dernière. Pour les impératifs professionnels de son conjoint, Nathalie Kerbeci s’envole à 22 ans pour l’Arabie Saoudite à Ryiadh : “Mes parents et moi n’avions pas les moyens de prendre l’avion et se retrouver si jeune dans un pays aux mœurs et coutumes tellement différentes a forgé mon caractère”, se souvient Nathalie Kerbeci, qui gardera son caractère tout au long de sa carrière loin des sentiers battus.
Le destin l’appelait ailleurs
“Deux ans après, mon mari et moi avons regagné la France pour prendre un poste au collège d’Oyonnax. En voyant ma place attitrée à la cantine et à l’idée de faire 30 ans dans le même endroit, je me suis dit, çà ne va pas ! il faut que l’on reparte !” C’est ainsi que Nathalie Kerbeci, malgré certains avis contraires, a postulé avec son mari auprès de L’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE). “A l’époque des postes se libéraient à l’école française de Al-Khobar, une ville près du golfe de Bahreïn en Arabie Saoudite, on nous a demandé si on était prêt à retourner dans ce pays difficile, mais que nous connaissions, j’ai tout de suite dit oui”, se remémore Nathalie Kerbeci, qui enceinte de son premier enfant est repartie à l’aventure : “On avait envie de ne pas être dans une routine de travail et de plutôt s’adapter à des cultures et d’enseigner à des publics différents“, et d’ajouter : “L’objectif était de s’enrichir”.
En contrat de détachement, un an plus tard, Nathalie Kerbeci a commencé à travailler dans une école en menant plusieurs projets, comme la préparation du bicentenaire de la révolution avec les sénateurs de l’étranger, assurer la charge de répétitrice pour le CNED et dispenser des cours pour des petites princesses saoudiennes. De jolis souvenirs qui ont beaucoup marqué Nathalie Kerbeci. “J’ai adoré ces moments sur place et beaucoup apprécié la communauté libanaise.” A cette époque, le pays aux cèdres était en guerre. “Les Libanais sont des amoureux de la langue française”, explique-t-elle, en témoignant de son attachement viscéral à ce pays qu’elle a sillonné par la suite et les rencontres nouées avec les communautés druses et maronites. “Nous y avons aussi vécu la guerre du Golfe et j’ai ainsi appris à gérer des situations de crises“, témoigne-t-elle.
Un poste à Rabat au Maroc
Quelques années plus tard, Nathalie Kerbeci a rejoint le lycée français Descartes à Rabat. “Je me suis retrouvée dans un établissement de 4 000 élèves, dans ce pays qui avait été sous protectorat français et une culture là aussi très proche de la France.” En 2000, Nathalie Kerbeci a de nouveau rejoint la France avec des postes aux collèges Lamartine et Iris à Villeurbanne, avant de passer la même année le concours de chef d’établissement et une première nomination à la clef en 2001 comme personnel de direction, principale adjointe stagiaire au collège de la plaine de l’Ain entre Meximieux et Ambérieux : “J’ai beaucoup appris là-bas !”.
En 2007, elle devient chef d’établissement au collège de Divonne-les-Bains dans le pays de Gex où cette dernière a renforcé des liens inter établissements, avec le lycée de Bellegarde pour créer des passerelles et permettre l’accès à une formation.
Défendre les valeurs de l’école et de la République
A Lyon, Nathalie Kerbeci a été chef d’établissement du lycée professionnel Hélène Boucher à Vénissieux, spécialisé dans les métiers de l’hôtellerie, de l’hygiène et de la propreté. “C’était dans une période marquée par les attentats perpétrés à Charlie Hebdo et au Bataclan où les atteintes à la laïcité étaient fortes !” Un respect des valeurs de la République que Nathalie Kerbeci s’est toujours évertuée à inculquer en souhaitant défendre une école exigeante et bienveillante, offrant une place et une opportunité à chacun de se développer, peu importe ses difficultés. “Aucun élève ne doit se sentir dévalorisé en fonction des choix qu’il fait”, déclare Nathalie Kerbeci, qui a gardé ses valeurs en rejoignant la Franche-Comté et le lycée Jacques Duhamel. “Quand j’ai postulé, cet établissement était une vraie surprise ! Je connaissais Besançon, Baume-les-Dames, mais pas du tout Dole.” Passé l’étonnement, Nathalie Kerbeci s’est pris d’amour pour le lycée Jacques Duhamel.
“C’est un établissement extraordinaire ! La large palette d’enseignements m’a au départ fait peur et j’ai mis 1 an à tout découvrir mais c’était passionnant et j’ai dû relever le challenge de la transformation du BTS DP en DNMade, une licence où il a fallu travailler en lien avec l’université”, et d’ajouter : “J’ai voulu montrer aux Dolois que ce lycée qui avait mauvaise presse par rapport au lycée Nodier, combien il était fréquentable et je n’ai eu de cesse de renforcer les liens entre les deux établissements. J’ai eu la chance de pouvoir travailler avec des équipes formidables, des personnes compétentes et engagées”.
Motif de satisfaction pour la proviseure : avoir pu embellir le lycée avec les travaux de restructuration, avoir rendu possible la signature d’une convention avec la Marine, saisir l’opportunité d’installer une station hydrogène en lien avec la Région et obtenir de nombreux labels, comme l’égalité fille/garçon, niveau 1 et le dispositif phare de niveau 1 dans la lutte contre le harcèlement. Mais surtout avoir rendu attractif sur le territoire et au-delà ce beau lycée.
Enfin Nathalie Kerbeci entrevoit sa retraite sereinement, une nouvelle étape qui, après des journées pouvant se terminer à 22 heures, lui permettra de se consacrer à ses nombreuses passions et elle promet de revenir régulièrement dans le Jura.
Antoine Neves, actuel proviseur du lycée Xavier Marmier, à Pontarlier, sera le successeur de Nathalie Kerbeci.
E.S.