Tout est parti d’un banal « fait divers ». Ou plutôt d’une simple provocation vraisemblablement puérile et donc, inconsciente.
« J’ai été interpellé suite à des jeunes qui ont commis des incivilités en criant « Allah Akbar » à l’encontre du Curé Don Christophe et les membres de la chapelle de Saint-Étienne des Mesnils-Pasteur de Dole. À la vue de nombreuses tensions dans notre société, certaines personnes peuvent avoir peur de tels mots, car au delà de la bêtise ou de l’ignorance de jeunes adolescents, cela peut-être interprété différemment » explique Bilel Latrèche, qui, une fois informé des faits, a décidé d’initier une action de pédagogie préventive en réunissant les représentants de la communauté Musulmane de Dole (mosquée marocaine et turque) et les représentants de la communauté Chrétienne doloise.
Contribuer à une société plus juste et plus solidaire
« Unanimement, les représentants des mosquées se sont désolidarisés des faits d’incivilités des jeunes » affirme le travailleur social qu’il est aussi.
En effet, les deux vendredis suivants, un prêche des imams a même été diligenté dans chacune des Mosquées (réunissant régulièrement plus de 300 fidèles) pour rappeler les obligations à la fois citoyennes et religieuses de ne pas offenser une personne d’une autre religion ou même sans religion.
« Les imams ont parlé de ce qui s’est passé envers la communauté chrétienne des Mesnils-Pasteur et son Curé, notre frère, le Père Don Christophe. Puis, dans un second temps, afin de contribuer à une société plus juste et plus solidaire, je suis allé à la rencontre des membres de la communauté chrétienne de cette chapelle avec lesquels j’ai noué une relation fraternelle et plusieurs échanges très bienveillants. En accord avec les membres de la communauté chrétienne et le Curé Don Christophe, ainsi que les membres des deux mosquées et les imams, j’ai souhaité mettre en place une rencontre universelle qui s’est déroulée dimanche 13 octobre à la mosquée des Mesnils-Pasteur » relate le célèbre boxeur dolois.
En quête d’esprit…
Cette rencontre, à laquelle nous étions présents, réunissait Benamar El Ouahab, président de la mosquée marocaine, Hayrettin Kilic, président de la mosquée turque, le diacre Don Timothée, et les deux prêtes Don Xavier et Don Christophe.
Sur place, tous s’accordaient immédiatement à se reconnaitre « frères en humanité ».
« On veut tous la même chose. Vivre en paix… »
Un fidèle musulman faisait judicieusement remarquer : « J’ai une soutane, vous en avez une aussi. L’expression « Allah Akbar » qui signifie que Dieu est le plus grand, est aujourd’hui galvaudée, car elle renvoie à une connotation négative. C’est d’autant plus regrettable car elle n’invite qu’à louer son seigneur, ce que nous accomplissons tous ici ».
L’échange prenait de la hauteur avec l’évocation des notions de « sens du sacré », de divers questionnements sur la science et la croyance, on encore de transcendance à son existence, lorsque « la prière condamne les turpitudes ». Des moments émouvants. Presque suspendus dans le temps, face à une époque devenue de plus en plus hostile aux croyants.
« On voit bien qu’il y a une forte demande d’un retour à la spiritualité chez beaucoup de jeunes » observaient ensemble les différentes responsables religieux, soucieux des nombreux clichés obscurantistes et délétères, parfois véhiculés par les écrans, notamment les réseaux sociaux.
« La foi offre un cadre, elle incite au silence et à la discipline » confiait l’un d’eux.
En définitive, la rencontre, qui a permis une meilleure compréhension mutuelle, se concluait avec la décision d’organiser prochainement un match de football avec pour objectif de « s’amuser ensemble pour la même cause : la fraternité ».
Il a aussi été prévu de proposer des invitations interconfessionnelles à l’issue du ramadan pour l’Aïd el-Kebir ainsi qu’à Pâques afin que mieux se connaitre et mieux se comprendre entre fidèles des deux obédiences religieuses.
Bref, du rapprochement humain authentique, comme on aimerait en voir plus souvent.
Car il invite probablement à de meilleurs lendemains, pour tous.