Des roubles, sinon rien !

Le Kremlin qui a décidé de ne plus accepter de devises en échange de son gaz et de son pétrole risque de plonger l’Europe dans le chaos. Si la récession menace pour les mois à venir, c’est à court terme que les européens sont pris à la gorge. Décryptage.

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Le maitre du Kremlin a fixé un délai d’une semaine en guise d’ultimatum.

Rien ne semble devoir arrêter le jeu de massacre économique entre européens et russes. Après les sanctions frappant durement l’économie russe, Poutine lui-même a répliqué en dégainant son arme atomique commerciale : n’accepter que des roubles en paiement des exportations massives de gaz et de pétrole à destination de ses voisins. Des exportations estimées chaque jour à 600 millions € (voire d’un milliard €, gaz et pétrole confondus) et  finançant directement la machine de guerre du Kremlin. Poutine qui a gros à perdre en coupant le robinet, sait que les Européens sont pieds et poings liés du fait de leur extrême dépendance aux énergies fossiles importées. Si des projets (plus coûteux) sont esquissés pour le moyen et le long terme, rien en revanche ne saurait à court terme remplacer le gaz russe par exemple. Même Patrick Pouyanné , le PDG de TotalEnergies, a reconnu que se passer de gaz russe était impossible, car cela reviendrait à « arrêter une partie de l’économie européenne », et par conséquent à provoquer une séisme social majeur, dont bien peu de citoyens mesurent les conséquences.

2023, début de la récession ?

A ce petit jeu de l’arroseur arrosé, les européens se retrouvent donc face à un cruel dilemme : comment se procurer des roubles, alors qu’ils ont eux-mêmes mis sous cloche les avoirs de la banque centrale russe en Europe ? Le tout dans un délai extrêmement court, puisque le maitre du Kremlin a fixé un délai d’une semaine en guise d’ultimatum avant que le couperet ne tombe. C’est donc une situation totalement inédite qui nous attend, à moins que les intérêts économiques des uns et des autres ne finissent par l’emporter et que ce jeu de poker n’accouche discrètement d’une souris. En attendant, les cours des énergies fossiles, déjà au plus haut, flambent à nouveau, ce qui promet des mois et des années à venir placés sous le signe d’une inflation  aigüe. L’énergie constitue la base de toute chose pour produire, transporter et vendre nos biens et services… Ces hausses de coût de production, et donc de prix auront engendreront à coup sûr une baisse de la croissance économique : le spectre de la récession approche, annoncée également par une inversion de la courbe des taux (les taux d’intérêt à deux ans étant désormais aussi élevés que ceux à dix ans). Après le Covid, les années hors-norme ont encore de beaux jours devant elles.

La rédaction

TotalEnergies ne lâche pas l’affaire

A l’instar d’autres entreprises françaises, Total se trouve pris entre le marteau, la faucille et l’enclume en Russie. Son PDG est revenu sur l’hypothèse d’un départ unilatéral du pays des Soviets : « Je ne vais pas le faire, on a investi dans des usines pour presque 13 milliards de dollars, ce n’est pas un problème d’argent, ces usines vont continuer à tourner que je m’en aille ou non. Me retirer c’est donner ces 13 milliards à des Russes, pour zéro car personne ne peut les acheter. Vous voulez que j’abandonne des actifs en Russie pour enrichir des Russes qu’on a mis sous sanction ? » a-t-il déclaré. Ceci d’autant plus que des accords de fourniture conclus sur de longues durées (25 ans) courent encore, et que rien ne peut les rompre sauf un cas de force majeure. TotalEnergies a cependant pris la décision « d’arrêter tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes, dans les meilleurs délais et au plus tard à la fin de l’année 2022 ».