Village de la communauté de communes du Val d’Amour, Cramans est un village « loin de Dole et de Besançon et partagé entre ces deux pôles », confie Jean-Marie Truchot. À proximité immédiate de la gare de Mouchard et d’Arc-et-Senans, ainsi que de commerces, les Cramantiers et les Cramantières ont donc tout à proximité.

Bordé au nord par la Loue, Cramans est un village rural verdoyant comme il en existe beaucoup dans la région.

 

Au fil des siècles, la démographie évolua considérablement à Cramans. En 1793, le village abritait 672 habitants. La population augmenta ensuite globalement, pour atteindre une cinquantaine d’années plus tard, 718 personnes. Pendant quelques décennies, le nombre de Cramantiers stagna à peu près entre 660 et 700 habitants. Le nombre d’individus diminua toutefois progressivement à la fin du XIXe siècle, passant de 657 personnes en 1876 à 590 en 1881, soit une chute de plus de 10% en cinq ans. Cinquante ans plus tard, en 1931, ils étaient 423 Cramantiers et plus que 337 en 1962. 337 personnes reste le record connu du plus faible nombre d’habitants à Cramans. S’ensuivit une stagnation et une augmentation pour obtenir 454 individus en 1990. Depuis la fin des années 1990, la population ne cesse d’augmenter à Cramans, avec 467 personnes en 2006 et 526 Cramantiers en 2019, soit le même relevé qu’en 1896.

Au regard de ces chiffres, l’exode rural eut donc un effet à Cramans. Au milieu du XIXe siècle, Alphonse Rousset explique dans son Dictionnaire géographique, historique, et statistique des communes de la Franche-Comté que les « jeunes gens émigrent pour aller au service à Lyon, à Paris, et dans d’autres grandes villes ». Les conséquences de la Première et de la Seconde Guerre mondiale se traduisirent aussi par une perte d’habitants – ce qui s’explique aisément puisqu’au moins seize personnes nées à Cramans furent tuées lors de la Grande Guerre.

 

 

Histoire et origine de cette localité

Il est complexe d’analyser les temps les plus reculés de l’histoire de Cramans, le manque de sources – comme c’est souvent le cas – étant important. D’après Alphonse Rousset toutefois, « Cramans se trouvait sur la grande voie d’Agrippa, de Lyon au Rhin, par Besançon. Un pont traversait la Loue sur son territoire, dans la contrée dite au Portail. Ces faits suffisent pour expliquer l’antique origine de ce village ».

Il faut attendre le XIIe siècle pour trouver une mention écrite de Cramans. Datant de 1139, cette mention écrite du village est la confirmation de la propriété de l’église au chapitre Saint-Étienne de Besançon.

Alphonse Rousset explique aussi que pour la haute justice, Cramans dépendait de la seigneurie de Roche.

À l’époque moderne, Cramans donna quelques figures au destin hors du commun, comme Marie Joseph Prétet, né le 6 octobre 1788, qui fut chef de bataillon d’infanterie, officier de la Légion d’honneur, chevalier de Saint-Louis et de l’ordre de Saint-Ferdinand d’Espagne.

L’histoire contemporaine de Cramans est heureusement mieux connue. Alphonse Rousset, dont le travail est surtout pertinent pour l’histoire du XIXe siècle, décrit la vie dans le village au milieu de ce siècle : « Les maisons sont groupées, généralement bien bâties, élevées de plusieurs étages, construites en pierre et couvertes en tuiles plates. Les rues sont bordées d’arbres, et chaque habitation est entourée de plantations d’agrément, ce qui donne au village un aspect des plus gracieux ». Il poursuit : « Le sol, très fertile, mais sujet aux inondations, produit du blé, de l’orge, de l’avoine, du maïs, du chanvre, des pommes de terre, des betteraves, des raves, des légumes secs, de la navette, des fruits, des vins rouges de très bonne qualité, de l’eau-de-vie, peu de foin et beaucoup de fourrages artificiels ». « On élève dans la commune des bêtes à cornes, des cochons et des volailles. 40 ruches d’abeilles », ajoute-t-il. À cette époque, il existait également une fromagerie qui produisait 12 000 kilogrammes de fromage par an.

Au milieu du XIXe siècle, et plus précisément en 1851, un trésor monétaire de « 500 pièces de monnaie en argent et en billon, aux effigies des empereurs » fut trouvé dans une carrière, à en croire Alphonse Rousset.

 

Plusieurs installations importantes furent réalisées à Cramans au milieu du XIXe siècle. Ainsi, en octobre 1836, un pont en fil de fer fut ouvert au public. Un article publié dans le Journal de Paris permet de mieux en appréhender le déroulement : « Le pont en fil de fer sur la Loue est terminé. L’épreuve a eu lieu les 18 et 19 courant ; il a résisté au poids énorme de 60 à 70,000 kilog. de gravier. Ce pont, situé en face de la saline d’Arc, à l’extrémité de sa chaussée, et servant de communication entre le Doubs et le Jura par Craman[s], remplace un bac dont les abords étaient très difficiles et le passage impraticable dans les grandes eaux ; il réunit la solidité à l’élégan[c]e, et complète l’établissement de la belle saline d’Arc. Dès le 20, le public est entré en jouissant du passage du pont » (Journal de Paris, 30 octobre 1836, p. 3.).

Le milieu du XIXe siècle vit également l’arrivée du chemin de fer. Le 8 février 1853, l’ouverture des travaux du chemin de fer de Dole à Salins eut lieu. Il y eut une cérémonie au centre du chemin de fer, sur les territoires d’Arc-et-Senans et de Cramans. « M. le curé de Cramans, officiant, a béni le terrain sur lequel allaient commencer les travaux ; puis sept coups de pioche ont été donnés » (Album dolois, 13 février 1853, p. 2.). Le premier fut donné par le curé de Cramans et le deuxième par le maire du village.

Un beau lavoir du XIXe siècle se dresse également devant l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, dernièrement rénovée. Quelques œuvres religieuses sont également classées sur la liste des Monuments Historiques, comme un tableau du XVIIe siècle représentant le Christ en croix avec plusieurs personnages (classé au titre d’objet en 1965) ou une statue de Saint-Paul du XVe siècle (classée au titre d’objet en 1973).

Au cours de la Première Guerre mondiale, au moins seize personnes nées à Cramans furent tuées, à l’instar de François, Augustin, Stanislas Thobaty, né le 27 mars 1873 à Cramans et tué à l’ennemi le 9 novembre 1915 à Steinbach, en Alsace ou de Stéphane, Alexandre Bolifraud, né le 16 novembre 1894 à Cramans et tué à l’ennemi le 17 août 1916 à la tranchée de Hanovre, dans la Somme.

 

Au cours de son histoire, Cramans vit quelques-uns de ses enfants être décorés de la Légion d’honneur. Ce fut le cas de Gaston, Georges, Ernest Couturier, né le 6 janvier 1893 à Cramans qui fut élevé au rang de chevalier de la Légion d’honneur en 1939 puis officier en 1951. Il était lieutenant du génie. Il décéda en juin 1966.

 

Au cours de la Première Guerre mondiale, au moins seize personnes nées à Cramans furent tuées.

 

Un tissu associatif dense

Cramans est riche de 7 associations ce qui permet véritablement de fédérer la population du village (les Vignerons du haut Val d’Amour ; le club des trois moulins ; le comité des fêtes ; l’ACCA de Cramans ; l’amicale des sapeurs-pompiers ; les d’Zaubotous (association de théâtre) ; l’association des parents d’élèves).

Le 4 août 1995, un orage de grêle détruisit les récoltes des vignes de Cramans et de Champagne-sur-Loue. Née en 1998 à la suite de cet incident, l’association des Vignerons du haut Val d’Amour regroupe une centaine de membres et cherche à maintenir, protéger et valoriser le patrimoine viticole. C’est pourquoi, une vigne conservatoire a été créée à Champagne-sur-Loue, la commune voisine. Une magnifique caborde a aussi été réalisée.

Le comité des fêtes, qui compte de nombreux sympathisants, propose des animations au cours de l’année – ce qui permet de créer du lien entre les Cramantiers et les Cramantières. Ainsi, en juillet, une fête pour se retrouver est notamment organisée. Cette animation remplace un peu la fête du village, puisqu’il n’existe plus, comme c’est aujourd’hui souvent le cas, de fête patronale à Cramans.

 

 

L’ESAT Les Glycines

Cramans compte quelques entreprises dont une scierie qui alimente la paletterie qui lui est adjointe, une entreprise de cartes postales en bois, une tabletterie et l’ESAT Les Glycines. « L’ESAT (Établissement ou Service d’Aide par le Travail) est un gros pôle sur Cramans », confie le premier magistrat de la commune. Il est indiqué sur le site internet de l’ESAT que « 60 travailleurs handicapés participent aux activités de la ferme Les Glycines ».

Début mai, la foire aux plants est devenue une institution dans le coin. Le dernier samedi d’octobre, une vente de chrysanthèmes et de plantes pour la Toussaint est également organisée. Chaque année, ce sont près de 100 000 plants qui sont produits. Des poulets et des pintades sont aussi élevées. La production s’élève à 12 000 poulets et 700 pintades par an. Un petit magasin permet de s’approvisionner en produits de qualité.

Un service que propose également un maraîcher dans un petit commerce en direction d’Arc-et-Senans.

Pour l’ESAT, la construction d’un nouvel atelier d’abattage de volailles a été actée et devrait être opérationnel en 2023.

« On peut ajouter dans les entreprises : un charpentier, un menuisier, sans oublier les cinq viticulteurs et un éleveur de chevaux comtois », ajoute le maire du village.

 

Le dernier gros projet pour la municipalité a été la rénovation de l’église.

 

L’avenir à Cramans

Après deux reports, la Percée du vin jaune s’est déroulée à Cramans du 1er au 3 avril 2022. « Ça faisait deux ans que ça nous tenait en haleine », confie le maire du village. Il est vrai que la 24e édition de la Percée du vin jaune devait initialement se dérouler à Cramans en 2021. Jean-Marie Truchot poursuit ; « on avait une décoration qui était assez exceptionnelle, originale et inventive ». Le bilan est donc tout à fait positif.

Conséquence directe de la Percée, une quinzaine de personnes se retrouvent tous les jeudis après-midis pour faire des travaux manuels. « Elles vont nous faire des décos pour Noël. Ce sont des dames qui ont juste envie de passer un après-midi ensemble à bricoler », explique le maire de Cramans.

 

Le dernier gros projet pour la municipalité a été la rénovation de l’église. « L’église souffrait. La coupole se fendillait. Le sommet des deux voûtes menaçait de s’effondrer et la charpente appuyait sur la coupole », précisait Jean-Marie Truchot en début d’année. Après une étude il y a neuf ans par un architecte de Dole alertant de l’urgence d’une restauration, Jean-Marie Truchot a commencé à chercher des aides pour financer la restauration de la charpente et de la coupole de l’église, qui, à elles seules, représentaient 330 000 euros. Soutenue par la DRAC, la municipalité a obtenu l’aide du département, de la région et du Crédit Agricole. Des dons furent aussi effectués, notamment un à l’évêché. Accompagné d’un prêt, ces subventions ont permis de financer les travaux qui se sont déroulés entre novembre 2019 et août 2021.

Le prochain projet sera la reconstruction de l’atelier communal. « On a des projets de voierie », ajoute Jean-Marie Truchot, avant de confier ; « Des jeunes parents ne trouvent pas de mode de garde sur Cramans. C’est une préoccupation de la commune d’imaginer quelque mode de garde collectif que ce soit. Le service est absent et il faut qu’on apporte une solution. On y réfléchit. On est en chute libre par rapport au nombre d’enfants et donc ça fragilise l’école ». Difficile donc d’attirer de jeunes couples sans mode de garde pour les enfants…

Aujourd’hui, l’école maternelle et primaire de Cramans accueille trente-cinq élèves. Jean-Marie Truchot constate une chute du nombre d’élèves depuis sept ou huit ans.

La mairie de Cramans.

Petite commune rurale, Cramans offre un cadre de vie idyllique à ses habitants, à proximité immédiate de deux petits pôles.

 

 

Pour aller plus loin : Bibliographie non exhaustive :

ROUSSET Alphonse, MOREAU Frédéric, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté (…), Besançon, Bintot, imprimeur-libraire, tome II, 1854, pp. 320-323.

 

Anthony SOARES

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