Coup de grisou sur le gaz

L'hiver à venir semble particulièrement chaud, mais comment en est-on arrivé là ? Petit flashback sur la fin des doux tarifs réglementés et leur suranné parfum protecteur.

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Les premiers froids qui arrivent donnent des sueurs à bon nombre d’européens et de français : pensez donc ! Des factures de gaz, d’électricité mais aussi de fioul ou de pellets qui flambent. Personne ne semble épargné, à commencer par les anglais, invités à s’exiler pour ne pas payer des factures exorbitantes (dépassant les 100% de hausse, lire encadré). De quoi envier les 15% « seulement » d’augmentation en France, promises par le gouvernement à partir de janvier 2023. Mais comment en est-on arrivé là ?

Encore un coup de l’Europe serait-on tenté de dire… C’est en effet pour créer un vaste marché commun de l’énergie que les opérateurs nationaux ont été priés de mettre un terme à leurs monopoles. Et c’est ainsi que le Conseil d’Etat (plus haute juridiction administrative de France) a rendu en 2017 un jugement stipulant que les tarifs réglementés de vente du gaz (TRVG) étaient contraires à ce principe de libre concurrence et de ce fait devaient prendre fin. Ce qui sera chose faite au 1er juillet 2023 : les 7 millions d’heureux foyers encore protégés par un statut protecteur seront alors soumis comme les autres à la pure et dure loi du marché. Heureusement, nous avons encore la chance en France de jouir d’un tarif réglementé pour l’électricité…mais jusqu’à quand ?

Les professionnels sans filet de protection

Certains aimeraient bien mettre les TRV de l’électricité au rebut, comme l’ANODE (Association Nationale des Opérateurs Détaillants en Energie), regroupant Engie (opérateur historique du gaz), TotalEnergies, Eni et autres fournisseurs d’électricité privés. Et c’est ainsi que le même Conseil d’État a été amené à statuer sur un recours de l’Anode pour supprimer les tarifs électriques réglementés en 2018. Et cette fois, oh surprise, la suprême juridiction a jugé qu’il était impossible de supprimer ces tarifs, afin de permettre l’accès de tous à ce « produit de première nécessité non substituable ».

Deux poids, deux mesures ? A l’évidence, mais pour une fois, on ne va pas s’en plaindre par les temps qui courent, à commencer par les consommateurs particuliers et les immeubles d’habitation (copropriétés ayant souscrit une puissance de moins de 36 KVA). Confortés dans leur droit de bénéficier d’une protection de l’État, ils peuvent faire bisquer les professionnels, collectivités ou associations employant 10 personnes ou plus, ou ayant un chiffre d’affaires supérieur à 2 millions d’euros. Car pour eux, pas de quartier : c’est ainsi que les factures d’énergie ont explosé conduisant certaines entreprises à cesser leur activité.

Et l’avenir ? Nul ne sait jusqu’à quand l’État arrêtera de payer les pots cassés via le bouclier tarifaire, car les économistes s’accordent sur un point : la chère énergie restera onéreuse jusqu’en 2023/2024. A défaut d’investir dans une pompe à chaleur, des panneaux solaires, ou une bonne isolation intérieure/extérieure, le Thermolactyl et les gros pulls seront sans conteste au summum de la mode hiver 2022/2023…

La rédaction 

Les anglais invités sur la Costa del Sol

D’après certains médias britanniques, l’office du tourisme de la Costa del Sol, en Espagne, aurait tendu la perche aux nombreux anglais paniqués à l’idée de se ruiner en chauffage cet hiver. D’après l’Office du tourisme ibérique, les températures en décembre et février sont en moyenne d’environ 14 degrés et les factures d’énergies peuvent coûter près de dix fois moins cher qu’au nord du ‘Channel’. Alors, après les réfugiés climatiques fuyant des étés torrides vers le nord, verra-t-on d’autres réfugiés énergétiques fuir vers le sud en hiver ? A suivre…