Comme un lundi : Emporté par la flamme

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Il faisait un temps de janvier, c’est-à-dire comme un jour très très pourri de fin novembre, le genre de jour qui ne devrait pas avoir le droit de se lever si c’est pour nous brûler les ailes.

Bref, ce jour-là j’ai croisé ma voisine dans l’escalier. T’as l’air dans une forme olympique, je lui ai dit. Elle m’a répondu ah ah, c’est drôle que tu me dises ça, parce que c’est le contraire justement (en janvier mon esprit d’analyse est digne d’un ministre en exercice) j’ai atteint le sommet de l’Olympe niveau karma, m’a lancé ma voisine. Elle a ajouté tu sais que le début de l’année me déprime grave, j’ai froid, j’ai la crève et je n’ai pas envie d’aller charbonner. J’ai voulu la réconforter, moi le pauvre mortel qui craint le retour de flamme, alors j’ai dit qu’elle était ma reine, ma Piaf, ma Rachida, ma came, ma vitamine, ma drogue, ma dope, mon amphétamine, Caroline.

Bon, elle ne s’appelle pas une seconde Caroline ni Édith ni Rachida, je sais bien. J’ai dit que si j’étais ministre de la Culture du relais des JO, j’aurais fait d’elle l’un des Éclaireurs du Relais de la Flamme, qu’elle aurait été parfaite le 25 juin en traversant le Doubs comme Fabrice Guy, Gwendoline Matos (goalball), Jean-Claude Thiévent (cyclisme adapté), Françoise Streit, Guillaume Pétrequin ou Michel Chapuis, 82 ans et médaillé d’argent lors des JO de Tokyo de 1964 en canoë biplace…

Au lieu de ça, je sais qu’elle déteste la foule qui s’élance et qui danse une folle farandole,
elle restera sur son canapé à allumer des cigarettes. Le 25 juin devrait la réjouir pourtant, il fera plus chaud qu’aujourd’hui (ça ne sera pas compliqué même si on est loin des -36,7° du record de l’hiver 68). Moi aussi je suis congelé en ce moment, mais je fais avec, j’attends des jours plus chauds et même si je n’ai aucune chance.

Par Éric Genetet