Comme un lundi : Effet Miroir

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Comme un lundi : Les lumières 2024

Il y a quelques jours Zaho de Sagazan était dans les nuages et remportait quatre Victoires de la musique. Le même soir ma voisine était devant sa télé avec sa grand-mère, une dame de presque 100 printemps. Quel est le rapport, vous allez me dire ? Eh bien, le voici.

La jeune chanteuse de la symphonie des éclairs va chanter dans les Ehpad et ça lui fait du bien, elle l’affirme. Ma voisine aussi quand elle va rendre visite à Gilberte. Sa grand-mère n’a jamais fait la couverture d’aucun magazine, elle ne la tire jamais vraiment à elle la couverture sauf quand elle a un peu froid lorsqu’il se fait tard.

L’autre soir elle s’est endormie. Ma voisine a pensé que dans sa jeunesse, elle devait être loin d’imaginer le monde d’aujourd’hui, avec ses connexions, son populisme ambiant, ses sectaires envahissants, ses meutes hurlantes et son Intelligence Artificielle bien partie pour faire péter avec la complicité d’un tas de catastrophes pas toutes naturelles et de gens pour qui la connerie, elle, n’est pas artificielle, mais bien réelle.

Plus jeune elle avait la classe de Charlotte Rampling sa grand-mère il paraît, elle dansait sous l’orage, elle avait du panache, du respect pour ceux qui sont différents, elle écoutait parler. Elle avait gardé tout ça en vieillissant. C’est au départ que cela se joue. Aujourd’hui, on réseaute, on scrolle, on falsifie, on fusionne, on ne stimule plus les neurones miroirs, ceux de l’empathie. C’est cela qu’il y avait dans le regard de ma grand-mère, de l’empathie m’a dit ma voisine, puis elle a ajouté : peut-être que demain malgré tout, elle ouvrira les yeux et il y aura du soleil, car comme le chante Zaho de Sagazan, il fait toujours beau au-dessus des nuages.

Par Éric Genetet