Cœur du Jura. Projet agrivoltaïque sur le territoire d’Arbois

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Le futur site de la centrale agrivoltaïque si le projet aboutit. Crédit photo google maps.

A la demande de la municipalité d’Arbois, une réunion publique avait lieu mercredi 5 juin à l’espace Pasteur sur le thème d’un projet agrivoltaïque.  En préparation sur le territoire d’Arbois, lieu-dit « La Combe Bercot », le projet était présenté par Thibaut Loeschetter, chargé de développement et Joris Cler chef de projet, à la société Corsica Sole. « Il s’agit d’un projet privé sur des terrains privés. Ce n’est pas un projet municipal », tenait à préciser Valérie Depierre, maire d’Arbois.
En effet, Corsica Sole est à l’origine de la ferme solaire de Picarreau, mise en service en 2022.

Le projet 

Le projet agrivoltaïque d’Arbois est né de la volonté et des besoins de deux exploitations agricoles. Thibaut Loschetter explique « d’un côté, il y a l’EARL de la Ronceraie dirigée par Damien Chapuis à Abergement la Ronce, qui pratique la polyculture et l’élevage de bovins pour la viande. De l’autre, il y a l’EURL Lhéritier de Grozon, située à 2,8 km du projet, qui pratique la polyculture et l’élevage ovin pour la viande. L’EURL Lhéritier a besoin d’agrandir ses pâturages car les brebis passent une grande partie de l’année en bergerie faute de pâture. Damien Chapuis, quant à lui, est confronté à la difficulté d’exploiter ses parcelles situées à 42 km de son exploitation. Le projet agrivoltaïque permettrait à l’EURL Lhéritier d’être plus autonome en fourrage et de réduire la dépendance aux compléments alimentaires achetés. »

L’installation

Sur un parc de 19 ha, les panneaux photovoltaïques ne couvriront que 6 ha. Le reste du terrain sera occupé par des locaux techniques, une piste de circulation et la zone de pâturage.
« Les structures du bâti sont assez légères pour ne pas avoir de fondations lourdes dans le sol et ainsi ne pas trop l’artificialiser. Les panneaux photovoltaïques reposeront sur des piliers capuchonnés suffisamment hauts pour que le berger puisse mener facilement son troupeau sous les panneaux, que l’herbe pousse et que les moutons puissent circuler correctement » expliquait Joris Cler.
Une clôture de 2 m de haut sécurisera la zone protégeant ainsi les animaux des vols, des prédateurs, des animaux sauvages… (sangliers, chiens errants…). La gestion des surfaces sera faite sans intrants, gage de la biosécurité.

Crédit photo freepik.

Le financement

« Corsica Sole finance l’intégralité du chantier et verse une location annuelle au propriétaire, de l’ordre de 3 000 € par hectare et par an, confie Thibaut Loschetter. La durée du bail ne peut excéder 30 ans, la durée de vie des panneaux étant estimée à 25 ans. Le coût total de ce projet à ce stade est d’environ 10,5 millions d’euros. »
Dans le département du Jura, Corsica Sole a identifié quinze sites potentiels pour une surface totale de 648 hectares. Cependant, après avoir pris en compte diverses contraintes, seules 80 hectares restent exploitables. Les contraintes incluent : 414 hectares de surfaces boisées à préserver, 102 hectares incompatibles avec l’installation en raison de leur utilisation prévue pour des zones industrielles futures, et 50 hectares où le coût de raccordement au réseau serait trop élevé en raison de l’éloignement.

Jura Nature Environnement contre le projet agrivoltaïque

Lors de la réunion publique, Jura Nature Environnement exprimait clairement son opposition au projet agrivoltaïque. Les tracts à disposition à l’entrée de la salle affichaient sans ambiguïté les motivations de l’association.
Victor Faivre-Pierret, représentant de l’association Jura Nature Environnement, déclarait « l’association s’opposera au projet » Il a vigoureusement défendu cette position en critiquant le fait que des terres agricoles soient sacrifiées alors qu’il serait préférable d’utiliser des zones déjà artificialisées, comme les parkings ou les bâtiments industriels, pour de tels projets.
Malgré les efforts de Thibaut et Joris pour promouvoir les engagements environnementaux de la société, telles la plantation de haies, la création de mares, la pratique d’un élevage extensif, la position de l’association n’a pas fléchi.

« Le permis de construite vient d’être déposé, confiait Thibaut Loscheter,  mais le chantier ne débutera certainement pas avant 2026 ! ».
A suivre…