Rubrique. Éditorial. Insupportable

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Il a été présenté (vendu) comme étant « la » grande réforme sociétale de la nouvelle législature.
C’est pourtant un sujet hautement sensible. Tellement sensible, qu’il suscite des inquiétudes, chez les opposants comme chez les partisans de l’euthanasie ou du « suicide assisté ». Ce qui est plutôt rare.
Il faut dire que la grande question des circonstances de notre issue sur terre, soulève des questions médicales, mais aussi éthiques et surtout, profondément personnelles, qu’elles soient philosophiques ou religieuses.
Du coup, il a été choisi d’employer un mot d’une signification très vaste : insupportable.
« Le patient devra présenter une souffrance physique ou psychologique qui soit réfractaire aux traitements, ou insupportable lorsque la personne ne reçoit pas ou a choisi d’arrêter de recevoir des traitements ».
C’est donc la notion d’insupportabilité, profondément subjective, qui vient d’être formulée, argumentée, gravée dans le marbre, pour édifier le projet de loi sur la fin de vie, actuellement débattu à l’Assemblée nationale.
De fait, cette subjectivité ouvre la possibilité d’une libéralisation, sinon d’une normalisation, de l’aide active à mourir.
Dans une tribune publiée dans le Figaro, un collectif de soignants s’inquiète de cette nouvelle orientation dénonçant « une incitation implicite à demander la mort pour les personnes âgées, vulnérables, précaires, ou isolées… Celles-là même que la loi est supposée protéger ».
A l’image de certains membres du conseil national professionnel de gériatrie, lesquels rapportent :
« En discutant récemment avec certains malades, on observe que ceux-ci ressentent que la société, au lieu de leur tendre la main, d’essayer de trouver des solutions à leur souffrance, en arrive maintenant à leur demander s’ils n’auraient pas, finalement, plutôt le souhait de mourir et de les accompagner à cela… Or, donner la mort n’est pas un soin ! Notre objectif est de faire disparaitre la souffrance, pas le souffrant ».
Pour qui croit en la vie, et en son sens sacré, il devient effectivement légitime de s’interroger si au lieu d’affecter de nouveaux moyens à l’aide à mourir, il ne serait pas préférable de renforcer ceux alloués à notre système de soins.
Système dont les multiples carences ou défaillances, deviennent jour à après jour, profondément préjudiciables à la santé de l’ensemble du pays, et risquent ainsi de le conduire, lui aussi, à une fin prématurée…