La Maison Vercel, bâtiment emblématique situé à l’entrée d’Arbois et lieu historique de la confection du Biou depuis 1885, fait l’objet d’une vive polémique entre la majorité municipale et l’opposition. Alors que le conseil municipal a voté le 10 juillet dernier la mise en vente partielle du site, les élus d’opposition dénoncent une procédure précipitée et opaque, tandis que la mairie défend une démarche légale et nécessaire pour sauver un bâtiment en péril.

Un patrimoine à préserver, des avis divergents
Pour l’opposition, la Maison Vercel -dont fait partie la grange où sont confectionnées la grappe et la couronne du Biou- est un élément clé du patrimoine arboisien, indissociable de la Maison Pasteur et du Biou. Elle conteste la délibération du 10 juillet, qu’elle juge « imposée » et entachée d’irrégularités : absence de transparence, sous-évaluation du bien (estimé à 50 000 €), et urgence injustifiée invoquant la présence de mérules, finalement non confirmée par un rapport récent. L’opposition a saisi le sous-préfet et déposé un recours gracieux, pointant du doigt un « détournement de finalité » et un « risque de préjudice financier pour la commune ».
De son côté, la mairie confirme la présence d’un champignon lignivore (polypore des caves), aussi destructeur que la mérule, et des dégradations importantes (toiture, cheminées). Elle souligne que la grange du Biou, protégée et intégrée au dossier UNESCO, a été exclue de la vente. « Nous avons agi de bonne foi, en pensant que la mention sous réserve de l’avis des Domaines suffisait », explique Valérie Depierre, qui annonce une correction de la délibération lors du prochain conseil municipal, le 15 septembre.
Une procédure contestée, une vente justifiée
L’opposition critique le manque de consultation préalable et l’absence de projet culturel ou économique pour le site, alors que la mairie rappelle qu’aucun projet communal ou communautaire n’a été proposé depuis l’acquisition du bâtiment en 2011. « Attendre encore des années pour un projet hypothétique, la maison va encore se dégrader », argue la maire, Valérie Depierre. « J’ai écrit au président du Département et au président de l’EPCC pour les informer de la mise en vente de la maison Vercel, je n’ai pas eu de retour me disant mais c’est un scandale ou quelque chose du genre. J’ai appelé Mme Cossard de l’Académie des Sciences qui m’a dit simplement : “moi tout ce qui m’importe c’est que ce bâtiment soit rénové, qu’on ait un beau bâtiment en face la maison Pasteur”. »
Valérie Depierre et son adjointe Cathy Bugada insistent sur la nécessité de vendre pour éviter une dégradation accrue, tout en encadrant strictement la vente. La grange du Biou restera propriété de la ville. « On a bien tout de suite protégé la grange du Biou et la meilleure façon de la protéger c’était de la garder en pleine propriété, et ainsi avoir un règlement de copropriété nous permettant d’interdire les logements type AirBandB. En outre les futurs acquéreurs sont incités à proposer un projet complémentaire lié à Pasteur et/ou au Biou. L’opposition est invitée à participer à la commission d’ouverture des offres.
Prochaines étapes
Le diagnostic sanitaire complet et les informations sur le dossier seront présentés lors du conseil municipal du 15 septembre. L’opposition, elle, ne compte pas en rester là : recours administratif, pétition citoyenne et soutien d’associations de défense du patrimoine sont à l’étude. « Il faut penser la Maison Vercel comme la Maison Pasteur, un bâtiment patrimonial intégré dans la ville et son territoire », rappelle Philippe Bruniaux.
Le débat reste ouvert, entre préservation du patrimoine et nécessité de trouver une solution durable pour ce site stratégique.
A suivre