Patrimoine arboisien, la Maison Vercel est au cœur d’un projet de cession que la municipalité présente comme une chance de rénovation, quand l’opposition y voit une trahison de l’histoire locale. Le ton est monté ces dernières semaines, entre critiques publiques et mise au point de la maire.
Une cession au nom de l’intérêt général
Pour l’édile, la décision de céder la Maison Vercel n’a rien d’un renoncement. Elle revendique au contraire une démarche « utile et responsable ». « On nous reproche de tourner le dos à l’intérêt général, or c’est précisément l’inverse », affirme-t-elle. La vente s’inscrit dans la stratégie de l’Opération de Revitalisation du Territoire (ORT-PVD), qui vise notamment à réhabiliter le bâti ancien et à lutter contre la vacance.
« Arbois compte près de 300 logements inoccupés, dont ceux de la Maison Vercel. Ce projet répond à un vrai besoin d’habitat permanent et de qualité », explique-t-elle. Le programme prévoit la création de 7 logements, des ateliers d’artisans, une épicerie fine, un café-bar autour de la cour intérieure et un espace culturel consacré à l’histoire du lieu. Un parking de 13 places ou 26 selon l’option choisie est également prévu.
La maire insiste aussi sur la dégradation du bâtiment : « Son estimation par les Domaines est passée de 190 000 euros en 2011 à 60 000 euros aujourd’hui. Si rien n’est fait, les coûts de sécurisation (toiture, polyphore des caves) deviendront insoutenables pour la commune. En vendant, nous évitons une charge financière tout en assurant la restauration du patrimoine ».
Des critiques persistantes
L’association Place de la Liberté dénonce pour sa part une procédure « opaque, précipitée et incohérente » et redoute le déclassement d’une partie du parc Vercel, « en violation du Code de la propriété des personnes publiques ». Un recours gracieux a été déposé par l’opposition (Philippe Bruniaux, Martine Pingat-Chaney, René Molin et François Marty) contre les délibérations du 15 septembre autorisant la mise en vente et un déclassement d’une partie du parc. L’association accuse la majorité de « tourner le dos à l’intérêt général et trahir l’esprit même du service public ».
Autre sujet de crispation : la subvention départementale de 100 000 euros versée en 2011 pour l’acquisition du site. Le conseil départemental du Jura a informé la commune de son intention de demander son retrait, estimant que les conditions justifiant cette subvention n’ont pas été appliquées. Une perspective qui renforce les critiques de l’opposition sur la gestion du dossier.
Transparence revendiquée
Face à ces accusations, la maire se défend et revendique la clarté de la procédure. « Toutes les délibérations liées à la vente et au déclassement ont été débattues en conseil municipal, précise-t-elle. Ce n’était pas une obligation, mais un choix, justement pour garantir la transparence. »
La municipalité assure donc agir dans un cadre légal et cohérent avec ses engagements de revitalisation du centre-ville. Reste à savoir si ces arguments suffiront à apaiser les inquiétudes des défenseurs du patrimoine arboisien.
























