Aides à domicile : vers un « début de reconnaissance »

Les professions de l’aide à domicile ont manifesté à Lons-le-Saunier pour obtenir davantage de moyens. L’occasion de revenir sur leurs conditions de travail…

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L'écoute est désormais devenue mission impossible, faute de temps.

Que faire face à la pyramide des âges vieillissante du Jura ?
Face au manque de moyens des EHPAD et autres foyers logements, le maintien à domicile semble être la seule planche de salut des seniors et futurs seniors…
Encore faut-il des bras et des têtes bien faites pour assurer leur quotidien : se lever, s’habiller, faire à manger, s’alimenter, faire sa toilette, etc.
Autant de missions accomplies par les aides à domicile et auxiliaires de vie grâce à l’APA.

Le montant de l’APA diffère selon les territoires

Cette APA prise en charge à hauteur de 18,50€/heure dans le Jura reste toutefois notoirement insuffisante selon Séverine Martinet, déléguée CGT de l’ABRAPA :
« L’ABRAPA facture 25 €/heure aux seniors bénéficiaires, d’où un reste à charge de 6,50€/heure. Les autres départements prennent l’APA en charge à hauteur de 22 à 27€/heure. Il faut donc revaloriser celle-ci ».
La CGT dénonce aussi des emplois du temps surchargés : 30 minutes en moyenne par bénéficiaire, que ce soit pour faire une simple toilette ou pour la ‘totale’ (ouvrir les volets, lever, déjeuner, toilette, etc.).
Les professionnels souhaitent davantage de temps pour s’occuper de seniors de plus en plus dépendants. « Ces derniers n’osent pas demander plus de marge, car ils ont souvent de petits moyens » explique-t-elle : un cercle vicieux qui pourrait être rompu en 2022 : « Une loi devrait porter le minimum horaire à 22€ au national » avance Séverine Martinet, de quoi mettre un peu d’huile dans les rouages.
Les aides à domicile restent cependant mobilisées pour obtenir une revalorisation de leurs frais de déplacement (0,35 €/kilomètre).
« On est étranglées par l’augmentation des prix à la pompe » lance Séverine Martinet, qui confie passer une vingtaine d’heures pas mois sur la route, et qui utilise pour ce faire son véhicule personnel comme ses collègues.

1950 € brut pour une auxiliaire de vie débutante

Mais ce qui fait surtout grincer des dents les professionnelles, c’est l’application de l’avenant 43 à la révision des classifications de leur branche. Un avenant destiné à booster leur salaire jusqu’à 500 € brut par mois. « Actuellement, les auxiliaires de vie n’ont touché que 200€, l’ABRAPA s’est donnée 2 ans pour procéder aux entretiens individuels » qui disposeront du reliquat précise la syndicaliste.
Même si cette forte augmentation constitue « un début de reconnaissance » pour la profession à qui l’État « refuse la qualité de soignants », les auxiliaires de vie aimeraient en bénéficier au plus vite, après les épreuves traversées au fil des vagues covidiennes. Aujourd’hui, une auxiliaire de vie débutante à temps plein approche déjà les 1.950 € brut par mois  et une aide à domicile 1750 € brut. Le prix à payer pour faire (enfin) face au manque de bras…
« C’est une catastrophe, nous sommes épuisées » confie la syndicaliste, qui exerce depuis 20 ans : la plupart travaillent de 8h à 20 heures, avec en période de pointe (vacances d’été) jusqu’à 13 bénéficiaires par jour.
Même si les domiciles se médicalisent (prise en charge par la Sécurité sociale), le métier use physiquement et atteindre 64 ans (pour l’heure âge légal de la retraite), semble pour certaines, une véritable gageure.

Du temps pour refondre l’architecture des emplois

Selon Jean-Charles Païs, directeur des ressources humaines de l’ABRAPA, l’avenant 43 constitue « une véritable refonte de l’architecture des emplois », refonte toute récente car entrée en vigueur au 1e octobre 2021.
Consciente de l’impatience des attentes, l’ABRAPA précise : « Nous comptons 2.500 collaborateurs à l’ABRAPA, dont 490 pour le Jura », d’où le délai réglementaire maximal de deux ans prévu pour mener à bien les fameux entretiens individuels. Les revalorisations seront de ce fait individualisées, et comprises entre 300 et 500 € brut par mois, selon l’expérience et/ou les qualifications des collaborateurs.
Selon l’ABRAPA, un décret aurait d’ores et déjà été publié pour porter le taux horaire minimum de l’APA à 22€ dans tous les départements. Une arlésienne devenue aussi réalité, pour un secteur qui recrute : « Si la vocation de s’engager pour aider autrui est là, nous pouvons faire de la formation interne » souligne Jean-Charles Païs.
Les débutants sont donc les bienvenus.