Le vendredi 3 octobre, la cimenterie EQIOM de Rochefort-sur-Nenon a inauguré un équipement qui illustre la mutation en cours de l’industrie cimentière. Sa nouvelle station d’injection, conçue pour valoriser des déchets issus de l’industrie et de la construction, permet désormais au site d’atteindre un taux de substitution énergétique supérieur à 75 %, contre 52 % en moyenne nationale. L’ambition est de dépasser rapidement les 80 % et d’approcher les 90 % dans les prochaines années.
« Le but de cette installation, c’est d’accélérer notre transition écologique et de réduire notre dépendance aux énergies fossiles », rappelle la direction. L’investissement s’inscrit dans une stratégie globale : conjuguer performance industrielle et réduction de l’empreinte carbone.

Une technologie de pointe pour tripler les volumes
La nouvelle unité repose sur un silo métallique et un système d’injection pneumatique automatisé. Les déchets sont collectés localement, triés, criblés puis stockés avant d’être injectés dans le four rotatif. Chauffé à plus de 2 000 °C, le four assure une combustion totale, bien supérieure aux incinérateurs classiques, qui ne dépassent pas 900 °C.
Ce dispositif succède à une installation pilote, encore manuelle et limitée en capacité. « Nous sommes passés d’une expérimentation à un outil industriel capable de doubler, voire tripler, les volumes », souligne la direction. Les fines de bois issues du ponçage et du sciage ont notamment été intégrées dans le processus, après plusieurs phases d’essais techniques et de contrôles préfectoraux. Actuellement, environ 5 000 tonnes de ces résidus sont déjà utilisées chaque année.
Une trajectoire continue vers la décarbonation
La station d’injection n’est qu’une étape dans une démarche entamée depuis plusieurs décennies. Dès les années 1990, le site a utilisé des déchets chimiques liquides, puis des farines animales à partir de 1996-1997. Les combustibles solides de récupération (CSR) ont suivi dans les années 2010, avant l’introduction de solvants en 2022 et des fines de bois en 2023.
Ces innovations convergent vers un objectif commun : réduire l’empreinte carbone tout en sécurisant l’approvisionnement énergétique. Avec 5 000 tonnes de CO₂ évitées chaque année, soit l’équivalent de 3 500 voitures en circulation, l’impact environnemental est tangible. En 2024, la cimenterie a déjà valorisé 50 000 tonnes de déchets, représentant près de 2 000 camions détournés de l’enfouissement ou de l’incinération.