Edito. Grands Mots Grands Remèdes : Arnaque

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Docteur Gérard Bouvier
Docteur Gérard Bouvier

Qui n’a pas un jour reçu ce SMS : « Bonjour, c’est votre livreur, votre colis ne rentre pas dans la boite aux lettres, merci de choisir un nouveau créneau sur… [adresse mail de l’escroc] » ? (1). Pas même le temps de se demander par quel progrès du commerce et des communications notre livreur se trouve en possession de notre numéro de téléphone pour nous envoyer un tel SMS que déjà nous voilà sous l’emprise mauvaise d’une arnaque devenue bien ordinaire.

Naïveté, fatigue, colis en attente qui nous fait rêver ou boite aux lettres effectivement minimaliste et nous voilà tombés dans ce piège grossier qui se referme sur notre numéro de carte bancaire, parti trop vite dans les dédales gourmands d’internet (2).

Curieusement, il semble que l’arnaque se déclenche précisément quand on attend effectivement un colis. Heureusement personne n’ose croire que les truands sont informés de nos commandes en cours. On appellera donc cette concordance des temps, une simple coïncidence (3).

Reste qu’il devient difficile de croire à quoi que ce soit. Et à son contraire aussi. On mesure mal les dégâts de ce constat alarmant sur nos communications futures. Et sur le développement de notre jeunesse !

L’arnaque est un montage méticuleux qui ne date pas des Pieds Nickelés. Elle a toujours existé. Souvenons-nous de l’odieuse histoire du serpent et de la pomme dans le jardin d’Eden…

Pour mémoire, un jour un serpent rusé convainc Ève de croquer au fruit défendu. Il prétend qu’elle deviendra l’égale de Dieu, connaissant le bien et le mal. J’t’en fiche !

Pas du tout ! Elle n’avait pas donné ses coordonnées bancaires mais ça n’était guère mieux et elle fut mise à la porte du jardin d’Eden. C’était justice et les emmerdements commencèrent… (4)

Depuis les menteries sont légion (5). Et ça n’est pas l’arrivée de l’intelligence artificielle qui va calmer le jeu. Restons vigilants.

Notes pour y voir plus clair :

(1)- On peut espérer que le tragique de répétition ait suffisamment usé la corde pour que désormais nul ne s’y pende…

(2)- La nature humaine est ainsi faite qu’hélas on confie volontiers ce qui nous est le plus secret à des inconnus de passage. Cela va des photos de nus entre ados aux numéros de cartes de crédit pour les plus grands. Si ça ne risquait pas de nous emmener trop loin, je fouillerais volontiers l’étymologie du mot « confier » qui doit pouvoir se lire de bien des façons…

(3)- On est en droit de se demander comment un pirate a pu savoir que j’avais passé commande sur un site d’e-commerce. Si l’on interroge les informaticiens compétents, on nous répond : « voici les principaux moyens par lesquels cet accident peut se produire »… et d’en citer 5. C’est dire que si l’on ajoute les moyens non principaux mais accessoires, ça peut allonger la lecture de ces modestes notes ! Parmi ces moyens de piratage je ne citerai que le cheval de Troie parce que l’histoire fait rêver.

La guerre de Troie a bien eu lieu. Elle fut déclenchée par l’enlèvement d’Hélène, femme du roi grec Ménélas, par Pâris un prince troyen. Aujourd’hui on imagine mal George W. Bush enlever Bernadette Chirac mais à l’époque c’était monnaie courante. Le siège de Troie n’en finissait plus et la guerre dura 10 ans. De guerre lasse, Ulysse eut l’idée de construire un immense cheval en bois et creux où purent se cacher de nombreux soldats. Abandonné sur la plage et les grecs ayant pris la fuite, voilà nos troyens, fiers comme pas possible, à fêter cette victoire et à montrer le cheval en ville comme trophée. Un comportement de grands baluchons puisque dès la nuit tombée les grecs sortent du cheval, ouvrent les portes de la cité aux soldats revenus en douce et tous, détruisent la ville.

C’est cette ruse ancestrale qui aujourd’hui donne accès à nos données. Un discret programme informatique malveillant, le cheval de Troie, s’introduit dans nos ordis et la nuit ouvre les portes à ses complices.

(4)- L’histoire du serpent racontée au livre 3 de la Genèse a le don de me mettre en pétard. Car enfin il a bien fallu que ça tombe sur Ève et non point sur Adam. Et le plus triste c’est que je n’ai jamais entendu de féministe s’emporter contre ce chapitre comme s’il était naturel que la femme soit à l’origine du péché originel. Il faut quand même un fameux culot pour continuer de s’accommoder de cette accusation ou bien alors peut-être tout le monde s’en fout. Dans un cas comme dans l’autre c’est pire.

(5)- Les menteries sont des mensonges comtois. Le mensonge est toute une aventure, car si mens c’est en latin l’esprit, alors le mensonge, songe de l’esprit, deviendrait tout un poème. Mais la réalité est différente… Mensonge fut d’abord mençunge en 1080. Il dérive plutôt de mentio en passant par le sens d’une mention erronée.

Il est curieux de savoir que la mensonge fut un mot féminin jusqu’en 1530. Ça n’est qu’en cette année-là qu’on compris -enfin !- que l’homme tout autant que la femme disposait de cette compétence. Et le mot est devenu masculin sans que rien ne montre que ce choix soit définitif.

Qu’ils soient féminins ou masculins, bien des mensonges passent par le lit. Peut-être nous pourrions les appeler des « pieux mensonges ». C’est juste une suggestion…

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