L’Unité Locale (UL) de Lons-le-Saunier joue un rôle essentiel dans l’accompagnement des personnes en situation de précarité, venues de Lons-le-Saunier, de ses environs, ou de régions en conflit comme l’Ukraine et les Comores, les usagers viennent chercher ici bien plus qu’une aide alimentaire. Ils y trouvent un point d’ancrage, un accueil humain, un lieu de rencontre, une parenthèse dans des parcours souvent chaotiques.
François est arrivé dans le Jura avec sa mère pour garder une maison près de Lons-le-Saunier : une opportunité de repartir à zéro. Très vite confronté à un manque de ressources, il a pu compter sur le soutien de la Croix-Rouge. « Je n’avais presque pas d’argent, j’avais perdu mes droits sociaux, et ma mère, retraitée, ne disposait que de faibles revenus. Il était crucial de trouver une solution, explique François. Grâce à la Croix-Rouge, j’ai pu me nourrir, mais aussi retrouver le plaisir de manger, de cuisiner, de prendre soin de moi… Toutes ces choses simples qui, peu à peu, ont repoussé la drogue hors de mes pensées. »
L’accompagnement des bénévoles l’a aidé à retrouver une stabilité et à adopter une hygiène de vie plus saine. « Sans cette aide, je ne serais jamais arrivé à un tel résultat », confie-t-il.
300 enfants accompagnés
Dirigée par Alain Piacco, actif depuis 2023 et président depuis le début de l’année, l’unité locale accompagne aujourd’hui 1 100 personnes, dont 300 enfants. Cette UL se distingue par un modèle unique dans le département : seules deux structures dans le Jura proposent ce type d’épicerie solidaire. Ici, les bénéficiaires sont des clients à part entière.
Ils composent librement leur panier selon leurs envies et leurs besoins, tout en contribuant financièrement à leurs achats. Cette participation, même symbolique, les responsabilise et les sort de l’assistanat pur.
Parmi les 60 bénévoles actifs, 15 s’engagent au quotidien, motivés par l’envie d’agir concrètement. « Les difficultés peuvent frapper n’importe quand et n’importe qui », rappelle Alain Piacco. François se souvient encore de ce premier pas : « Je ne savais pas si j’en avais le droit, quelles étaient les conditions, si j’oserais vraiment entrer… Je n’étais que de passage. » Puis il sourit : « Une fois la porte franchie, j’ai été accueilli par des éclats de rires… des mots simples, chaleureux. On m’a demandé comment j’allais, si je voulais un café. Je me suis senti tout de suite à ma place. »
« C’est fou comme un bonjour sincère peut tout changer. Je croyais que ce lieu n’était pas pour moi. En fait, il m’attendait. » Ce type de témoignage, Alain Piacco en entend régulièrement : « Beaucoup pensent qu’ils ne “cochent pas les cases”. Qu’ils n’ont pas le droit d’être là. Pourtant, si. Il suffit parfois d’un regard bienveillant, d’une explication claire, pour qu’ils comprennent qu’ils sont les bienvenus. »
La Croix-Rouge propose un large choix de produits issus d’invendus de supermarchés ou achetés auprès de la Banque alimentaire. Ce sont ainsi des tonnes de vivres qui sont redistribuées chaque année — sans gaspillage. Ces achats sont principalement financés par les ventes de la vestiboutique, les contributions des bénéficiaires, ainsi que des subventions, notamment municipales. La vestiboutique est ouverte à toutes et tous, chaque vendredi après-midi à partir de 13 h 30.
Aujourd’hui, François voit enfin le bout du tunnel — grâce à la Croix-Rouge, à l’environnement apaisant du Jura, et à l’accueil chaleureux de ses habitants.
Les nouveautés
1 000 m2 supplémentaires : La Croix-Rouge loue désormais un local de 1 000 m2 qui jouxte ses locaux habituels. Une bonne nouvelle, cela devrait faciliter la tâche des bénévoles.
Nadia Dupont
