Christophe Gourmand, directeur départemental de la Banque de France, et Jean-Pierre Parizon, président de la CCI Jura, avaient convié les acteurs de l’économie jurassienne pour une présentation de l’étude annuelle de la Banque de France concernant l’inflation, la hausse des taux et le ralentissement économique pour les entreprises de Bourgogne / Franche-Comté. Cette enquête a été réalisée auprès de 1 201 entreprises régionales de l’industrie, des services aux entreprises et de la construction.
« Ce traditionnel rendez-vous conjoint afin de faire le point sur l’économie peut aider les patrons à faire leurs choix pour piloter les entreprises », a introduit Jean-Pierre Parizon. Christophe Gourmand a tout d’abord confirmé le diagnostic selon lequel l’économie française parviendrait à sortir progressivement de l’épisode de forte inflation sans récession.
Selon les projections macroéconomiques de la Banque de France, l’activité resterait ralentie en 2024 avant de se raffermir ensuite. En 2024, la croissance serait davantage tirée par la consommation des ménages, sous l’effet du repli de l’inflation, bénéfique au pouvoir d’achat des salaires, et de la baisse du taux d’épargne. En 2025, la croissance bénéficierait également d’une amélioration de l’investissement privé, car l’effet du resserrement des conditions monétaires et financières serait moindre. En 2026, ces tendances se renforceraient pour engendrer une reprise dynamique.
Dans ce contexte, les entreprises de Bourgogne/Franche-Comté font état d’une progression des chiffres d’affaires en 2023 à l’exception de l’industrie. Une croissance modérée de l’activité globale est attendue pour 2024, créatrice d’emplois, avec néanmoins un repli de la production du secteur de la construction.
Dans l’industrie
En 2023, les chiffres d’affaires des entreprises industrielles diminuent de 1,7 %, affectés par un recul de 4,5 % des volumes déjà en repli en 2022. Seuls les secteurs de l’agroalimentaire et de la fabrication des équipements voient leurs chiffres d’affaires progresser. Les secteurs de la fabrication de matériels de transport et des autres produits industriels font face à une baisse de leurs chiffres d’affaires, confrontés à la mutation en cours des industries de l’automobile et de l’emballage. Les effectifs sont globalement en baisse (- 0,6 %). La rentabilité est stable et les investissements en croissance. En 2024, les chiffres d’affaires devraient légèrement progresser (+ 1,9 %), quels que soient les secteurs avec un faible effet prix. Les effectifs se renforceraient légèrement (+ 1,1 %).
Dans les services aux entreprises
En 2023, les chiffres d’affaires progressent de 7,8 %, portés par une hausse de 4,2 % des volumes dans le prolongement de la croissance observée en 2022. Les effectifs sont en progression de 3,5 %. En revanche, une part significative des entreprises enregistre une contraction de leurs marges et un allongement de leurs délais de paiement. Pour 2024, une nouvelle croissance des chiffres d’affaires est attendue (+ 6 %). Ce secteur continuerait à créer des emplois (+ 3,8 %).
Dans la construction
En 2023, les entreprises interrogées font état d’une hausse de 7,4 % de leur production en valeur et de 1,3 % en volume dans la continuité de la situation observée en 2022. Tous les segments s’inscrivent dans cette tendance à l’exception des travaux publics dont les volumes sont en léger repli. Les effectifs ont été renforcés (+ 2,5 %). Les délais de paiement se dégradent pour la majorité des acteurs. En 2024, la production devrait chuter tant en valeur (- 2,9 %) qu’en volume (- 5,8 %) sur l’ensemble des segments. Les recrutements dans le second œuvre permettraient de stabiliser les effectifs de la branche (+ 0,8 %).
« L’économie française a besoin d’investissements, en particulier sur la transformation numérique et le verdissement de l’économie », a conclu Christophe Gourmand.
Et au tribunal de commerce ?
Frédéric Fraichot, vice-président du tribunal de commerce, a fait état d’une forte progression des procédures collectives. 124 liquidations judiciaires ont été réalisées en 2023, dont 99 concernaient des TPE. « Il y a une détresse psychologique beaucoup plus importante que les années précédentes », a-t-il témoigné. Les ouvertures de procédures de prévention sont à la hausse. Les créations d’entreprise aussi, mais toujours des TPE. Au tribunal de commerce, les entreprises qui souffrent sont issues des activités suivantes : hôtellerie-restauration, immobilier, construction neuve.
Pierre Worms, président de la FFB Jura, s’est dit surpris par les chiffres « car nous n’avons pas encore ce ressenti dans le Jura, hors maison individuelle ».