Jura. L’invité de la semaine : Luc Barthelet

A l'occasion du 11 novembre et du devoir de mémoire qui s'y rapporte, rencontre avec le délégué général du Souvenir Français.

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Luc Barthelet.

Luc Barthelet, vous êtes délégué général du Souvenir Français jurassien. En quoi consiste exactement votre mission ?
Au début, ce fut la fondation du Souvenir Français en 1887 par François-Xavier Niessen (1846-1919), professeur alsacien profondément marqué par la perte de l’Alsace-Lorraine à la suite de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Association mémorielle initialement consacrée à l’entretien des sépultures des soldats morts pour la défense de la France, le Souvenir Français est reconnu d’utilité publique en 1906 et placé depuis sous le haut patronage du Président de la République.
Nos missions sont la conservation de la mémoire des morts pour la France au cours de son histoire, notamment en entretenant leurs tombes et les monuments élevés en leur souvenir, mais aussi l’animation de la vie commémorative en participant activement aux commémorations nationales ou en organisant des manifestations locales rassemblant les différentes générations autour de leur histoire, et enfin la transmission du flambeau du souvenir aux jeunes générations par l’aide aux voyages scolaires mémoriels et l’encouragement de leur participation aux concours des Petits Artistes de la Mémoire (PAM) et du Concours National de la Résistance et de la Déportation (CNRD).

Malgré son caractère rural, notre département semble très bien se comporter en terme d’effectifs vous concernant… Qu’en est-il précisément ?
Effectivement dans notre département nous comptons environ 2000 adhérents (nous plaçant ainsi 10ème délégation au niveau national, ce qui est remarquable au regard de la population du Jura !) qui se répartissent dans 27 comités locaux.
Ceux-ci œuvrent aux actions d’entretien et de fleurissement des tombes et 17 dossiers majeurs de rénovation de monuments aux morts, tombes ou stèles ont été conduits l’année passée comprenant une participation financière souvent importante du Souvenir Français. Mais ils sont surtout particulièrement impliqués, en liaison avec les communes, dans la veille mémorielle des sépultures des « Morts Pour La France » en déshérence et menacées de disparition vers une fosse commune, ce qui constituerait une deuxième mort pour celles et ceux qui ont donné leur vie à la France.

Ce samedi 11 novembre, la perte d’implication du devoir de mémoire a de nouveau été évoquée par les principaux médias nationaux. Comment analysez-vous ce phénomène ?
Il est vrai que globalement on peut déplorer, semble-t-il, une indifférence de certains concitoyens vis à vis des questions mémorielles qui peut être due à l’éloignement dans le temps des conflits majeurs qui ont affecté notre pays et à la disparition inéluctable des derniers témoins de ces heures difficiles, mais aussi à une évolution générale des mentalités tournées vers le consumérisme ou d’autres causes …
Cependant nous constatons ici, un réel intérêt et le soutien de nombreux jurassiens pour nos manifestations. Je ne peux pas toutes les citer mais je souhaite en présenter au moins deux : la cérémonie d’hommage au Président de la République Jules Grévy, le 14 juillet dans le cadre d’une manifestation désormais pérenne à Mont-sous-Vaudrey, qui s’inscrit dans une initiative mémorielle de niveau national du Souvenir Français, depuis près de six années, pour honorer tous les Présidents de la République inhumés en France et qui rassemble régulièrement une nombreuse assistance, organisée conjointement par le comité local du Souvenir Français et la municipalité.
Ainsi que la création, en liaison avec l’ONF, et grâce aux collectivités locales et aux très nombreux jurassiens « parrains» la plantation, de la Chênaie du Souvenir en forêt de Chaux, « Monument Vivant » pour la mémoire des combattants jurassiens Morts Pour La France. Une réalisation accomplie dans le cadre des commémorations du Centenaire de la Première Guerre Mondiale.

La disparition du service militaire obligatoire est-elle, selon vous, un ingrédient de ce délitement constaté du patriotisme ?
Certes le service militaire était d’une certaine manière l’aboutissement de l’éducation citoyenne des jeunes français à la suite de l’éducation familiale et scolaire (mais il ne concernait que les garçons et encore pas tous surtout dans ses dernières années …) et ce passage « sous les drapeaux » était de nature à renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté nationale. Le Service National Universel qui se met en place contribuera, nous l’espérons, à revigorer ce sentiment d’attachement à notre pays et à ses valeurs.

Avez-vous un dernier commentaire à partager avec nos lecteurs ?
Je vous remercie très sincèrement de me permettre d’intervenir dans Hebdo39 pour mieux faire connaitre le Souvenir Français. Je souhaite aussi en profiter pour saluer l’action continue de nos comités et aussi remercier les services de l’État, le Conseil Départemental, nos élus nationaux et départementaux et les communes du Jura pour leur soutien à nos actions et leur engagement à nos cotés.
Naturellement, je convie à rejoindre le Souvenir Français (pour une modeste cotisation annuelle de 10€) comme membre titulaire et pourquoi pas, vous engager davantage dans les équipes ou bureaux des comités ou de la délégation départementale.
Enfin je souhaite rappeler que le Souvenir Français observe la plus stricte neutralité politique, confessionnelle ou philosophique…

BON A SAVOIR…

L’activité commémorative du Souvenir Français est marquée par la participation aux cérémonies nationales et surtout locales, en liaison avec les autres associations patriotiques. Le 80ème anniversaire de la seconde guerre mondiale a amené par exemple à honorer plus particulièrement en 2022 un ancien combattant de Bir-Hakeim, Marcel Gabriel inhumé à Tassenières et cette année une Combattante/Résistante arrêtée en 1943, Simone Michel-Lévy originaire de Chaussin, membre de premier plan du réseau national Résistance PTT, morte en déportation et l’une des six femmes « Compagnon de la Libération ».
Cinq voyages scolaires à caractère mémoriel ont été subventionnés en 2022 par le Souvenir Français, qui œuvre également pour animer le Concours National de la Résistance et de la Déportation.
L’association regrette que seulement 5 établissements scolaires aient participé cette année. « Après plusieurs années où cette manifestation n’avait pu avoir lieu, nous avons à nouveau soutenu en 2022, en organisation mais également financièrement, les Parcours de Mémoire de l’Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré (USEP/Ligue de l’Enseignement) réalisés à Lons-le-Saunier et Dole, grâce au fort engagement de chacun des comités de ces deux villes. Ces parcours ont impliqué environ 850 élèves de plus d’une trentaine de classes d’écoles primaires des quatre coins du département.
Vous pouvez ainsi apprécier le volontarisme et le dynamisme de nos comités du Jura qui perpétuent les missions de l’association dans un contexte parfois délicat lié au vieillissement de nos adhérents et à la difficulté de renouveler leurs équipes et bureaux » conclut Luc Barthelet.

 

Contacts :
Site : www.le-souvenir-francais.fr

Mail : infos@souvenir-francais.fr ou communication@souvenir-francais.fr

Délégué du Jura: luc.barthelet@wanadoo.fr

Luc Barthelet.