14,5% : c’est le chiffre officiel de l’inflation sur les produits alimentaires entre février 2022 et février 2023. 60 millions de consommateurs va même plus loin : à partir d’un très large panel de référence, elle a composé un panier de 31 produits de première nécessité, qui lui a bondi de 15,94 % sur la même période. Familles de France estime aussi que le même panier de courses coûtera 790 € de plus en 2023 qu’en 2021 pour un foyer français moyen.
Certains produits se distinguent avec une flambée des viandes rouges (jusqu’à 60% de hausse sur les viandes hachées), des viandes blanches (volailles en hausse de 10, 20, 30 40 % depuis un an) et des huiles, beurres, oeufs et autres papiers toilette. Depuis le début de l’année, le sucre est passé de +10 à +30%, les pizzas, pâtes, pains industriels, charcuteries en libre service ont pris +15 à+20% sur un an. Conséquence : un français sur quatre aurait réduit sa consommation alimentaire. Mais comment expliquer ce phénomène inédit par sa violence et son ampleur depuis les années 80 ?
Une cause sous-jacente relève de la guerre en Ukraine, qui a entraîné un choc énergétique sans précédent…et l’énergie est partout. Ainsi quand vous mangez des aliments, vous mangez des matières premières, mais aussi du pétrole, du gaz, de l’électricité nécessaires à tous les stades de leur production. Le choc énergétique qui a eu lieu il y a un an est désormais derrière nous, les prix du pétrole ou du gaz ayant littéralement plongé ces derniers mois…mais pas ses conséquences !
La période allant de mars à juin 2023 sera sans doute l’une des plus saignantes, car les hausses de prix annuelles dans la grande distribution se négocient chaque hiver avant la date butoir du 1er mars. Depuis plusieurs semaines, les patrons de la grande distribution sont montés au créneau pour dénoncer des requêtes aberrantes. Alexandre Bompard (Carrefour) s’est emporté contre « les industriels demandent des hausses de tarifs délirantes de 20 % », le patron de Système U, Dominique Schelcher, a averti d’une hausse d’au moins 10 % environ des prix alimentaires pour les prochains mois. Une façon peut-être de se dédouaner envers les consommateurs dans ce jeu de poker menteur, où chaque année chacun se renvoie la balle : la grande distribution accuse l’industrie agroalimentaire, qui elle-même pointe l’inflation des matières premières et les hausses payées aux producteurs et agriculteurs. Il faut dire que ces derniers sont censés sortir gagnants des lois Egalim I, II et III au pire moment (lire encadré).
Une chose est sûre : c’est le consommateur qui va trinquer ! Une fois de plus, une fois de trop.
La rédaction
L’aberration des lois Egalim
Comment faire pire en partant d’une bonne base ? Partant du constat que les producteurs étaient les grands perdants du jeu de dupe entre industriels et distributeurs, la loi Egalim I qui visait à rééquilibrer les rapports de force a connu un échec cuisant, tout en sabordant le pouvoir d’achat des consommateurs.
Depuis Egalim I et II, finis la revente à perte, les promotions de type « un produit acheté, un gratuit », etc. Egalim III fera t-elle encore pire, et au pire moment ? Il y a de bonnes chances. Le projet de loi Descrozaille qui vient d’être adopté à l’Assemblée et au Sénat change en effet des points capitaux dans les négociations annuelles à venir. Si les industriels et les distributeurs ne parviennent pas à s’entendre avant le 1er mars, ce sont les prix ‘catalogues’ proposés par les industriels qui s’imposeront…et non les prix proposés par les distributeurs, comme maintenant. En clair, cette année, au 1er mars 2023, vous auriez pu payer vos courses 20 ou 30% plus cher, en plus des + 15% déjà subis depuis un an.
Quand se souciera t-on des consommateurs ?? La question reste ouverte.