Lendemain de premier tour d’élection présidentielle. On fait le bilan, on ramasse les poubelles, les verres vides et les cendriers pleins.
Comme d’habitude en fin de matinée, les états-majors parisiens se réunissent. Leur but ? Discuter des alliances, partager et départager des postes, rendre des arbitrages, élaborer des stratégies. Toujours les mêmes, celles qui ne fonctionnent plus. Mais tout cela leur est bien égal. L’important n’est pas là….
Passons sur la soirée télévisée qui, comme d’habitude, n’a fait qu’exacerber et renforcer un peu plus encore les différents clivages idéologiques, aucun consensus ne se dégageant des débats. Chacun cherchant à cristalliser son électorat sur des convictions pour la plupart obsolètes, déchues, désavouées. En définitive, l’exercice fut effroyablement insipide. Beaucoup de forme, bien peu de fond. Regrettable.
A n’en pas douter, cette campagne présidentielle fut la plus terne jamais connue.
La faute au Covid-19 ? A la guerre en Ukraine ? Plutôt à certains candidats refusant capricieusement de débattre lorsque les conditions ne leur convenaient pas, mais aussi aux médias complaisants avec leurs exigences de diva. Dans les hautes sphères, l’entre-soi reste de mise…
Rien d’étonnant alors que perdurent à se heurter projets de société ou visions civilisationnelles, que le vote soit si volatile, que la culture politique s’évapore, et que les plaques tectoniques des opinions n’aient jamais été aussi mouvantes. C’est la facture de la fracture.
Ainsi, apparaissent d’improbables passerelles électoralistes, logiques conséquences de la destructuration du sempiternel clivage gauche/droite qui, quoi qu’on en dise, avait le mérite de nourrir de consistantes références politiques, entre Jaurès et De Gaulle.
Mais tout cela, c’était avant. Bien avant la valse des étiquettes et le tango des adhérents.
C’est pourquoi à l’approche d’un second tour notoirement indécis, la grille de lecture est devenue tout bonnement impossible, tant les partis traditionnels sont inquantifiables en nombre de voix.
Et puis surtout, c’est le premier parti de France, celui des abstentionnistes, qui décidera de la victoire finale.
On l’avait déjà observé lors des précédents scrutins, mais aujourd’hui, il faut bien s’y résoudre. Le phénomène est acté.
Le règne de la déshérence vient de commencer…