Quand la tradition flirte avec la gourmandise

Les yeux pétillent de gourmandise et illuminent de joie les visages des enfants lorsque résonne cette phrase : « Les cloches sont passées ! » Panier à la main, ils s’élancent à la recherche de chocolats, souvent sous forme d’œufs, dispersés dans le logement ou bien dans le jardin. Mais d’où vient cette tradition qui réveille notre gourmandise ?

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Les oeufs peints et décorés sont le symbole de Pâques

Avant tout, Pâques est une fête chrétienne et juive très importante. Pour les catholiques, elle symbolise la résurrection du Christ, tandis que les juifs célèbre Pessa’h, qui symbolise l’Exode du peuple juif hors d’Egypte, par le passage de la Mer Rouge.

Toutefois, la tradition d’offrir des œufs en cette période est bien plus ancienne. A l’Antiquité déjà, le retour du printemps et de ses promesses de fertilité était fêté par des offrandes d’œufs colorés et décorés, symboles de renouveau et de création. Cette coutume a été conservée par les Chrétiens, pour d’autres raisons.

Les oeufs représentent le fertilité et le renouveau

Le Carême, un jeûne de quarante jours, précède Pâques. Durant cette période, il était interdit de consommer des œufs, du lait et de la viande. Mais les poules, fort peu respectueuses des traditions, continuaient à pondre durant cette période. Leurs œufs étaient alors soigneusement conservés pour une utilisation ultérieure. C’est pourquoi, le jour de Pâques, les tables regorgeaient d’œufs, ou de préparations à base de cet aliment, comme les pâtés garnis d’œufs du Berry, la fouesse bretonne ou encore l’alise vendéenne. En résumé, la consommation d’œufs marquait la fin des privations devenant ainsi le symbole de l’abondance. Bien que le Vatican mette un terme au Jeûne du Carême au XVIe siècle, une coutume chrétienne perdure, celle de ne pas faire sonner les cloches des églises entre le Jeudi Saint et le Dimanche de Pâques. On disait alors aux enfants que les cloches étaient toutes parties à Rome, se faire bénir par le Pape. Au retour, elles déposent joyeusement des gourmandises que les enfants sont invités à aller chercher.

Les coquilles deviennent chocolat

Au XVIIe siècle, une idée lumineuse germe dans les esprits des épicuriens : vider l’œuf pour le remplir de chocolat. Il suffisait alors de briser la coquille pour se régaler. Au siècle suivant, les moulages tout chocolat font leur apparition et n’ont de cesse d’évoluer au fil des décennies. De nos jours, les lapins, cloches et autres poules complètent le tableau de chasse de nos prédateurs en culottes courtes.

Les lapins en chocolat se camouflent dans les fourrés

Les Français amateurs de chocolats

Selon le Syndicat du Chocolat, la période de Pâques représente le deuxième temps fort de l’année pour le secteur (sans surprise, les fêtes de fin d’année remportent la course !). En 2020, 354 935 tonnes de chocolat ont été vendus, toutes formes confondues, et uniquement en grandes et moyennes surfaces, ce qui représente 70% des ventes. Le chiffre d’affaires s’élève alors à 3 329 millions d’euros, dont 665 millions uniquement pour Noël et 205 millions pour Pâques. En tout, le chocolat concerne 115 entreprises en France (dont 90% de PME), ce qui mobilise environ 30 000 salariés. 730 092 tonnes de produits finis et semi-finis sont fabriquées dans l’Hexagone et 62.1% de cette production est vouée à l’exportation.

Les tablettes de chocolat sont très prisées des Français

Côté ventes, les tablettes représentent 38% du chocolat vendu, suivies de près par les pâtes à tartiner dont le volume s’élève à 24.5% Viennent ensuite, dans l’ordre, les barres chocolatées, les confiseries et le cacao en poudre.

Chaque année, les Français consomment environ 7.3kg de chocolat, alors que la moyenne européenne s’élève à 5kg, les hissant ainsi à la 6e place du classement mondial. La première place est quant à elle détenue par les allemands qui dégustent 11.1kg chaque année.

Le saviez-vous ?

La Côte d’Ivoire est le premier pays producteur de cacao au monde. Il est, de fait, le premier fournisseur de fèves importées par les artisans français. Au total, 43% des fèves de cacao importées en France proviennent de Côte d’Ivoire. Le Ghana représente 19% du volume global. L’Equateur, l’Indonésie, le Brésil, le Cameroun et le Nigéria sont autant de pays fournisseurs.

Les cabosses présentent différentes couleurs en fonction de leur variété