Russie : la grande braderie des occidentaux

Les entreprises occidentales qui fuient Poutine et son régime font les affaires des oligarques.

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Le malheur des uns fait le bonheur des autres : l’adage bien connu sied parfaitement bien à la situation dichotomique, voire ubuesque régnant en Russie.
Prises entre le marteau, l’enclume et la faucille, pas moins de 1.000 entreprises occidentales (parmi lesquelles les plus grands noms de la distribution, du commerce ou de l’industrie entre autres) fuient à la fois les menaces de Poutine, mais aussi les sanctions édictées par l’Occident à l’encontre de tous ceux qui commerceraient avec l’ogre russe. Des sanctions qui font au final le miel du régime soviétique, puisque les cadeaux aux russes s’enchaînent à prix fracassé, souvent pour le rouble symbolique.
Un coup dur pour de nombreuses multinationales, contraintes de passer par pertes et profits des milliards d’actifs et des dizaines d’années d’efforts réalisés pour s’implanter en Russie. Pour la France seule, Société Générale paie le prix fort, avec 3 milliards d’euros envolés du fait de la cession de sa participation dans Rosbank. Renault ne fait guère mieux, avec 2,2 milliards d’euros volatilisés  du fait de la cession de sa filiale AvtoVAZ (la maison mère de la marque Lada) pour un rouble, mais il ne faut pas oublier d’autres grands noms moins impactés, tels Schneider Electric (avec quand même 300 millions d’euros de pertes par exemple). Tout le problème vient d’un contexte très très tendu et évolutif : il faut d’abord s’assurer que l’acquéreur potentiel n’est pas visé par les packs de sanctions occidentales, au risque de se mettre hors la loi.

Indiens et chinois intéressés par la curée

Ensuite, il y a la position de force écrasante des russes qui les poussent à imposer des conditions de négociations indécentes. Mais d’autres pays peu regardants sautent sur l’occasion, l’Inde et la Chine semblent aussi tirer les marrons du feu. Par ailleurs, il est devenu quasi-impossible de trouver des intermédiaires (banques d’affaire) acceptant de traiter des dossiers aussi « chauds »…et lorsque l’affaire semble mieux ficelée, ce sont les acquéreurs russes qui refusent de payer leurs transactions en devises étrangères. Un embrouillamini quasi-insoluble que certains refusent d’envisager.
Une fois de plus, le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné s’est illustré par ses propos discordants  sur CNBC : « Je ne suis pas prêt à donner nos actifs pour rien aux Russes, aux oligarques…/… Ces actifs sont là-bas, je ne les donnerai pas gratuitement à Monsieur Poutine ». Des propos dont le britannique B.P. ne s’est pas embarassé, préférant tirer un trait sur pas moins de 25 milliards de dollars, le prix de ses parts dans la société pétrolière russe Rosnef.

La rédaction

Renault de retour dans six ans ?

Si le retrait de Renault ressemble à une Bérézina, comme pour tant d’autres géants occidentaux, le français s’est laissé une porte de sortie…ou plutôt de rentrée en territoire russe. Le constructeur aurait placé une option de rachat « à certaines périodes dans les six prochaines années » selon un communiqué de la marque au losange. Mais qu’adviendra-t-il de toutes ces sociétés occidentales, coupées du jour au lendemain ou presque de leur personnel de direction, de leurs fournisseurs, voire de leur crédibilité ? L’avenir le dira…