Je n’avais pas vu ma voisine depuis plusieurs jours, c’est assez étrange d’ailleurs, quel phénomène s’enclenche pour que je la croise plusieurs fois en une semaine, puis plus du tout la suivante, quels hasards, quelle temporalité ?
On s’est peut-être ratés de peu, on s’est peut-être évité, pensant que les pas dans l’escalier étaient ceux du voisin de 4e, extrémiste et arrogant. Lui non plus je ne l’ai pas vu depuis des lustres et d’après le propriétaire du même pallier, il regarde CNews toute la journée et il parle comme Pascal Praud « La justice prend désormais des décisions politiques » ou comme Bardella « C’est la démocratie française qui est exécutée », comme Le Kremlin, qui s’y connaît en démocratie et qui a déploré à propos de l’affaire Le Pen une « violation des normes démocratiques », ou encore comme Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois qui a réagi sur X en déclarant « Je suis Marine ! » (C’est vrai que c’est comparable à Charlie…), comme Trump aussi et d’autres gens formidables qui ont soutenu l’héritière Le Pen.
C’est vrai que voler 4 millions d’euros dans la poche des Français est tout à fait normal, que les politiques ne doivent pas rendre de comptes et éviter de faire preuve de probité.
On s’en fout en fait ? C’est la question que m’a posée ma voisine, heureuse de retrouver le printemps et le soleil. Elle a ajouté que les idées de notre voisin du 4e étaient les mêmes que de « grands démocrates » qui oublient que l’ex-présidente du RN a été reconnue coupable et condamnée à une amende de 100 000 euros et quatre ans de prison, dont deux ans ferme à purger sous bracelet électronique à domicile. Ils ne parlent que des cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate. Mais aucun d’eux n’est d’accord avec la Marine d’avant 2025 « Les Français en ont marre des politiques qui détournent de l’argent », qui aurait envoyé direct la Marine de 2025 à l’ombre.
Sans aller jusque-là, on ne va pas la prendre aux mots, si la justice confirme l’inéligibilité de Marine Le Pen, en 2027, nous ne devrions pas élire en France la première présidente avec bracelet électronique à la cheville, mais peut être un homme ou une femme qui ne se pense pas au-dessus des lois, quelqu’un qui n’ira pas jusqu’à se comparer à Martin Luther King pour s’en sortir (plus c’est démago, plus ça passe), quelqu’un dont le projet est réellement La France, au point où nous en sommes (sous le niveau en grammaire de Jordan Barbella), ça sera déjà pas mal.
