L’invité de la semaine : Régis Bride

Il est le nouveau président de la Capeb Jura, qui compte 972 entreprises adhérentes. Le syndicat vient de réviser ses statuts, une vraie révolution…

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Vous êtes le nouveau président de la Capeb Jura. Qui êtes-vous ?
J’ai quarante ans d’expérience en électricité dont vingt à mon compte avec l’entreprise « Bride électricité » à Orgelet, qui emploie cinq salariés. Je travaille pour le bâtiment industrie (fromageries, agriculture, industries de production…). Mon entreprise est familiale, mon épouse est secrétaire et mon fils électricien depuis dix ans.

C’est la première fois qu’un président est directement élu par une assemblée générale. Comment cela se fait-il ?
Nous avons fait évoluer nos statuts, ce qui est une énorme innovation. Le but est que les gens soient moins consommateurs des services et plus acteurs des décisions. En préambule des nouveaux statuts, il est rappelé que la Capeb Jura est un lieu de respect, d’écoute, d’échanges, de débat, d’empathie, de collaboration et de co-construction. Chaque adhérent est appelé à être acteur des décisions de la Capeb Jura par ses propositions, ses idées et sa participation aux différentes consultations.
La nouveauté, c’est aussi qu’un président peut être révoqué. L’expérimentation est prévue pour cinq ans. C’est un chantier titanesque qui va demander beaucoup d’énergie.

Que devient le conseil d’administration ?
Le conseil d’administration n’est plus un lieu de décision, mais principalement un lieu d’animation et un catalyseur. Dès qu’une question syndicale ou professionnelle va se poser, elle sera soumise au vote des adhérents par une plate-forme dédiée et le CA suivra l’avis du vote des adhérents. Sur les retraites, si on avait consulté, je ne suis pas sûr qu’on aurait eu la même position.

Quelle est cette position ?
Globalement, nous sommes opposés au report de l’âge légal qui pénalise principalement les carrières longues même si un ensemble de dispositifs compensatoires ont été mis en place. Cela n’empêchera pas la difficulté pour ceux qui ont un métier physique d’atteindre l’âge légal de départ à la retraite en activité. Nous continuons de défendre le principe d’une durée de cotisation de 43 ans pour tous ; ce serait la seule mesure juste, équitable et acceptable.

Vous avez écrit au ministre du travail, Olivier Dussopt, et envoyé une copie aux parlementaires concernant l’inaptitude. Quel est le problème ?
Lors des premiers travaux sur cette réforme, le gouvernement a prévu un départ anticipé pour inaptitude professionnelle. Clairement, les conséquences financières d’un licenciement d’un salarié présent depuis longtemps pour inaptitude professionnelle peuvent fragiliser, voire mettre en péril, l’existence d’une petite entreprise d’autant que la décision sera dans la plupart des cas soudaine, immédiate et sans appel. Un tel risque est de nature à compromettre encore plus l’emploi des séniors, voire les embauches de salariés de plus de 45 ans. Aussi, nous demandons qu’il soit porté dans la loi que pour les entreprises de moins de 50 salariés, la part prise en charge par l’entreprise pour un licenciement pour inaptitude d’un salarié de plus de 55 ans soit limitée au montant de la prime de départ à la retraite qui aurait été versé si le salarié était resté dans l’entreprise et que le reste de l’indemnité soit versé par le fonds de garantie des salaires.

Quels sont les autres sujets qui vous inquiètent ?
Les risques nouveaux (pénurie de carburants, arrêté interdisant l’utilisation de l’eau, feux de forêt, inondations…) qui peuvent conduire à l’arrêt temporaire de nos activités. Nous demandons une loi pour la prise en charge du chômage partiel à 84 % et une indemnité forfaitaire pour les travailleurs non-salariés.
Nous demandons également que, pour les salariés de chantier des petites entreprises du bâtiment, des travaux publics, du paysage et du nettoyage de moins de 50 salariés, les repas au restaurant ne soient pas considérés comme un avantage en nature dès lors qu’ils ne dépassent pas les plafonds prévus par la loi.

Comment se portent vos artisans ?
La rénovation tient, la construction est à l’arrêt. Nous notons une petite baisse, mais parce que 2022 était une année exceptionnelle. Début mars, les carnets de commande enregistrent 18 semaines de travail en moyenne.