Dole. “Réenchanter le travail” : le plaidoyer sans filtre de Pierre Gattaz

Invité au manège de Brack pour la rentrée économique du Grand Dole, mercredi 5 novembre, l’ancien président du Medef Pierre Gattaz a livré, devant les autorités locales, les élus et une centaine d’acteurs économiques, une intervention sans filtre. Entre coups de gueule et plaidoyer pour la croissance, il a fustigé la lourdeur administrative et appelé à “réenchanter le travail”.

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Pierre Gattaz fiscalité emploi Jura
Pierre Gattaz s'est livré, sans langue de bois, devant les élus et chefs d'entreprises du Grand Dole.

Sous les voûtes du manège de Brack, Pierre Gattaz n’a pas ménagé son auditoire.

Souriant, mais incisif, l’ex-président du Medef a enchaîné les coups de semonce contre la fiscalité et la bureaucratie françaises, sous les regards attentifs d’élus, de responsables économiques et d’entrepreneurs du territoire. “Nous avons 5,7 millions de fonctionnaires, c’est trop. Il faut muscler la sphère publique et faire tomber la graisse“, a-t-il lancé, d’une voix ferme.

Fondateur du groupe Radiall, qu’il dirige encore après avoir traversé “quatre crises industrielles“, Pierre Gattaz a livré un témoignage d’entrepreneur autant qu’un manifeste économique. “Quand mes concurrents allemands se restructuraient en trois mois, moi, j’ai mis dix-huit mois. En sortant de là, je me suis dit : jamais plus je n’embaucherai en France… Et pourtant, j’ai continué. Parce qu’il faut croire en ce pays.” Le ton est combatif, presque professoral, quand il évoque la dette publique : “Dans nos entreprises, on gère les recettes et les dépenses. En France, on ne gère que les dépenses. C’est un scandale d’avoir mille milliards de dettes supplémentaires“.

“C’est une énorme connerie fiscale”

L’ancien patron des patrons n’a pas mâché ses mots en revenant sur les grandes décisions économiques des dernières décennies. “Quand François Hollande a sorti le 75 % sur les riches, j’ai vu la réaction du monde entier. C’est une énorme connerie fiscale“, a-t-il lâché. Et de dénoncer : “Toutes les bêtises qu’on fait tournent à la vitesse de la lumière dans la presse internationale. Nous sommes ridicules“.

Pour lui, la France doit retrouver “le sens du travail et de la croissance” : revenir aux 40 heures, défiscaliser les heures supplémentaires, encourager l’investissement et “rassurer ceux qui entreprennent“. “Les 35 heures, c’est un scandale absolu. J’ai parcouru le monde entier, personne n’a jamais vu ça“, martèle-t-il. Son credo : produire, innover, exporter.

“Réarmer économiquement et moralement”

Au-delà du constat, Pierre Gattaz a esquissé des pistes de redressement. Il plaide pour un “yield management à la française” appliqué à l’État, une rationalisation des administrations et un retour à une culture de l’efficacité. “En trente ans, nous avons perdu 2,2 millions d’emplois industriels et créé 1,2 million de fonctionnaires. Il y a un problème.

Soutenant aujourd’hui “l’Institut des Solutions”, un think tank qu’il vient de fonder avec plusieurs patrons, il dit vouloir “faire remonter les bonnes idées du terrain“. “Je suis peut-être un optimiste incorrigible, mais je crois encore que la France peut s’en sortir. À condition qu’on arrête de se flageller et qu’on agisse“, a-t-il conclu.